L’organisateur avait créé de faux profils de femmes pour faire croire que l’événement n’était pas qu’un boy’s club. Il a dû annuler quand la supercherie a été révélée. Le seuil de tolérance à la misogynie baisserait-il ?
DevTernity est une conférence internationale annuelle qui s’adresse aux développeurs de logiciels. Elle devait se tenir les 7 et 8 décembre prochains mais vient d’être annulée. L’organisateur avait fait croire que l’assemblée des intervenants serait mixte en créant de faux profils de femmes et en maintenant dans le programme des noms de femmes qui avaient pourtant annoncé qu’elles ne participeraient pas.
Gergely Orosz, qui édite la newsletter «The Pragmatic Engineer», a révélé la supercherie sur le réseau X (ex-Twitter).
L’illusion de la mixité avaité été créée par une intelligence artificielle générant ces faux profils de conférencières. L’ingénieure du personnel de Coinbase Anna Boyko et la « software craftswoman » de Coinbase Natalie Stadler et bien d’autres femmes présentes sur le programme avaient été inventées pour « donner l’impression qu’il y aurait plus de femmes qui prendraient la parole ». L’organisateur de l’événement n’en est manifestement pas à son coup d’essai. Gergely Orosz a fouillé dans les archives de DevTernity et repéré d’autres femmes inventées les années précédentes.
Enfin intolérable !
Cette révélation a conduit beaucoup d’intervenant.es à se retirer rapidement de la conférence. « J’ai découvert que j’étais la seule femme à figurer à l’ordre du jour et que certaines des autres personnes annoncées n’étaient peut-être pas réelles », a déclaré Kristine Howard, cadre d’Amazon Web Services, dans un message publié sur LinkedIn.
Pour sa défense, l’organisateur, a prétexté un bug. Il a même eu le culot de dénoncer un «lynchage public» alors que les commentaires étaient très modérés, et a refusé de s’excuser. Dans plusieurs messages sur X il dit ne pas se sentir coupable.
Sur les réseaux sociaux, les réactions sont partagées. Si la malhonnêteté de l’organisateur est dénoncée, elle montre aussi que le seuil de tolérance aux milieux fermés aux femmes s’est considérablement abaissé.
Cependant, le monde du numérique ne s’ouvre que très peu aux femmes. En France par exemple, elles représentent moins d’un quart des effectifs dans ces métiers du numérique, et, plus particulièrement dans la programmation et le développement, seulement 17 %.
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