Le très sérieux dictionnaire de l’Académie royale va enfin revenir sur des définitions stéréotypées.
« Féminin » ne sera plus l’équivalent de « faible » dans la prochaine version du dictionnaire de l’Académie royale espagnole. Ce sera l’une des évolutions de cette nouvelle édition, à paraître à la fin de l’année 2014. Sa dernière version, la 22ème, date de 2001.
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Isabelle Germain s’exprime sur le sujet dans l’émission « Ici comme ailleurs » sur France Info. |
Parmi ses 88 000 entrées, d’autres définitions seront toilettées, comme celle de la « mère », qui est aujourd’hui « une femme mariée ou veuve, maîtresse de sa maison ». Et en miroir du « féminin » (‘femenino’) qui ne sera plus « faible » (‘Débil, endeble’), le « masculin » ne sera plus forcément « énergique ».
Reflet de la société
Pour le directeur du dictionnaire, cette évolution est logique : « Nous n’apportons pas ces modifications en réponse à des protestations, mais parce que ces définitions ne sont plus vraies. On ne peut prétendre changer la société à travers le dictionnaire. Si la société est machiste, le dictionnaire le reflète. Quand la société change, le dictionnaire change aussi », expliquait Pedro Álvarez de Miranda le 24 novembre dans le quotidien El Pais.
Reste que pour la professeure de langue et littérature Eulalia Lledo, l’Académie royale a trop longtemps été « à des années lumières de la société ». En témoigne par exemple, relève El Pais, le fait que la version féminine de médecin, ‘médica’, qui figurait dans la version du dictionnaire de 1925, avait ensuite disparu. De même, si l’orphelin (‘huérfano’ est « une personne qui a perdu son père et sa mère, ou l’un des deux », la version de 1925 y a ajouté : « spécialement son père »). Ce dernier élément sera enfin effacé dans la prochaine version.
Mais celle-ci ne sera pas complètement dépourvue de définitions prêtant à débat. Ainsi, la notion de « sexe faible » continuera de s’appliquer à « l’ensemble des femmes ».
Et en France ?
Dans sa version actuelle, le dictionnaire de l’Académie française prête moins à controverse, mais les différences entre la définition du mot ‘femme’ et celle du mot ‘homme’, bien davantage développée, peuvent se prêter à bien des discussions.
On notera aussi que, contrairement à son homologue espagnole, l’Académie française (qui compte six femmes pour une trentaine d’hommes, la même proportion qu’en Espagne) se refuse officiellement à féminiser les noms de fonctions, de titres ou de métiers. Récemment élue sous la coupole du Quai Conti, la romancière Dominique Bona doit ainsi appeler ses consoeurs « chère confrère ».
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Photo : Façade de l’Académie royale espagnole © Real Academia Española

