Arrivé en retard pour une photo de groupe, le ministre croate a embrassé de force sa collègue allemande. Frisant l’incident diplomatique, il a fini par présenter de timides excuses.
Le journal allemand Die Tageszeitung y voit « le signe de la montée de l’antiféminisme dans le monde » et n’hésite pas à titrer : « sexisme pur ». La semaine dernière à Berlin se tenait une rencontre européenne des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Alors que ces ministres se mettaient en place pour la photo de groupe, Gordan Grlic Radman, ministre des Affaires étrangères croate, arrivant d’un pas pressé, s’est rapproché de son homologue allemande Annalena Baerbock, lui a pris la main, s’est penché pour l’embrasser. Elle a alors tourné rapidement la tête sur le côté, échappant ainsi à un baiser sur la bouche, et a grimacé un sourire gênée. En mars dernier, elle appelait à créer un réflexe féministe en politique étrangère…
RFI le rappelle : « Se faire la bise pour se saluer… Une tradition inconnue des Allemands ». Si les Allemand.es peuvent se faire la bise dans un cadre privé, c’est exclu dans pour les dirigeant.es. L’affaire aurait bien pu tourner à l’incident diplomatique. En Croatie, le ministre a été accusé de faire honte à son pays. L’ancienne Première ministre Jadranka Kosor a écrit sur X (anciennement Twitter): « Embrasser violemment une femme s’appelle aussi de la violence, non? »
Mais, en un premier temps, Gordan Grlic Radman a dit ne pas voir où était le problème. Puis, sous pression, il a fini par donner des explications alambiquées et présenter des excuses du bout des lèvres : « Nous, les ministres, nous saluons toujours cordialement. Si quelqu’un y a vu quelque chose de mal, alors je m’excuse auprès de celui qui l’a pris ainsi » a-t-il dit expliquant sa précipitation par le retard de son avion. Le moment de la photo constituait la première rencontre avec la ministre allemande qu’il n’avait pas eu le temps de saluer avant (pas plus que les autres ministres…). Annalena Baerbock a préféré ne pas réagir.
Bien sûr, tous les commentateurs font le rapprochement avec le baiser forcé du patron de la Fédération de football espagnole Luis Rubiales envers la footballeuse Jennifer Hermoso en août dernier. Sous la pression, le dirigeant a fini par démissionner environ trois semaines plus tard.
Die Tageszeitung appelle quand même à se méfier d’un « backlash antiféministe. » Malgré « les campagnes mondiales telles que #MeToo, #NonC’estNon, #aufschrei en Allemagne », le quotidien allemand voit « deux évolutions se dérouler en parallèle. D’une part, la société connaît une plus grande sensibilisation, qui se traduit notamment par des débats sur les viols et la violence contre les groupes vulnérables. Parallèlement, des groupes anti-émancipation des femmes prennent de plus en plus de pouvoir. Le féminisme a franchi une nouvelle étape : il n’a pas besoin de se défendre, mais d’engager un nouveau combat. »
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