En ce début 2014, le gouvernement se fixe deux grands objectifs en matière d’égalité professionnelle : amener le taux d’emploi des femmes à égalité avec celui des hommes ; et faire en sorte qu’un tiers des métiers deviennent mixtes… le tout à l’horizon 2025.
L’année 2014 sera placée sous le signe de l’égalité professionnelle. C’est la thématique au cœur du programme d’action du gouvernement pour l’égalité entre les femmes et les hommes, un programme dévoilé lundi 6 janvier par le premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Ce qui passe par plusieurs engagements chiffrés – la plupart sur le long terme. Le gouvernement fixe ainsi à 2025 l’année où le taux d’emploi des femmes devra être égal à celui des hommes. Aujourd’hui, le taux d’emploi des femmes âgées de 20 à 64 ans en France s’établit à 64%, près de 10 points de moins que celui des hommes, sans réelle évolution depuis 10 ans. Le gouvernement souligne l’impact positif pour l’économie d’une telle convergence (Voir aussi : L’emploi féminin, Graal de la croissance ?). De fait, cet objectif répond aussi – avec un délai de 5 ans supplémentaires – à la « Stratégie 2020 » de l’Union européenne, qui fixe comme objectif pour la France un taux d’emploi, masculin et féminin confondus, de 75%. C’est actuellement celui des seuls hommes.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement s’appuie sur :
– le développement des services d’accueil de la petite enfance, en évoquant « 275 000 nouvelles solutions d’accueil d’ici la fin de l’année 2017 » (objectif affiché en juin dernier, voir : Accueil de la petite enfance : la politique du chiffre est de retour) et la réforme (toutefois frileuse) du congé parental. Une façon de répondre en partie à cette problématique : plus d’une mère sur deux interrompt ou réduit son activité professionnelle après l’arrivée d’un enfant, alors que ce n’est le cas que d’un père sur neuf (Voir : Enfant ou travail, un choix genré) ;
– la réforme des retraites, car « la refonte des majorations de pensions favorisera notamment le maintien dans l’emploi des femmes seniors » ;
– la remise à plat de la fiscalité. C’est une piste relancée en décembre par la ministre des Droits des femmes (Voir : La réforme du quotient conjugal revient sur la table), et elle se précise aujourd’hui, avec une mission « sur les stratégies les plus efficaces pour accroître le taux d’emploi des femmes » confiée à l’Inspection générale des finances et à l’Inspection générale des affaires sociales qui devront examiner « les effets de l’action des services publics et des incitations financières et non financières pour le deuxième apporteur de ressources ».
« La progression de l’emploi des femmes n’a pas de sens si elle ne se conjugue pas avec l’amélioration de la qualité de l’emploi », souligne le gouvernement qui met en avant les récentes mesures relatives au temps partiel, très majoritairement féminin (Voir : Accord partiel sur le temps partiel).
Amener des femmes dans les métiers réservés aux hommes, amener des hommes dans des métiers dits féminins
Cela passera aussi par des efforts en faveur de la « mixité des métiers ». Le gouvernement se fixe ainsi un autre objectif de long terme : que 33% des métiers deviennent mixtes1 d’ici 2025, contre 12 % aujourd’hui. « La mixité ce n’est pas seulement amener des femmes dans les métiers réservés aux hommes. C’est aussi amener des hommes dans des métiers dits féminins », souligne le plan d’action. Ces 30 dernières années, la « ségrégation professionnelle » n’a que peu reculé, notait une étude publiée en décembre (Voir : Mixité des métiers : le grand écart).
Les services publics seront les premiers à donner l’exemple : « des plans d’actions mixité seront présentés en 2014, en particulier dans les métiers de la petite enfance, du grand âge, des services à la personne, de la sécurité civile, de l’énergie et du développement durable ». Dans l’enseignement supérieur, des objectifs de mixité seront contractualisés avec les établissements pour le recrutement des étudiants en Licence.
Et en amont, pour casser les stéréotypes « qui empêchent les filles et les garçons de s’envisager dans des formations/professions atypiques », sera lancée en cours d’année 2014 « une grande campagne de communication sur les enjeux de la mixité des métiers ».
Les partenaires sociaux seront aussi mis à contribution. Au cours du premier trimestre, ils constitueront un groupe de travail chargé « d’analyser les critères d’évaluation retenus dans la définition des postes de travail, et ce afin de repérer ceux qui seraient susceptibles d’induire des discriminations entre les femmes et les hommes et, le cas échéant, revaloriser les emplois à prédominance féminine » (c’est le gouvernement qui souligne).
Autre objectif chiffré très ambitieux fixé par le gouvernement : que l’écart entre le temps consacré par les femmes et celui consacré par les hommes aux tâches domestiques passe de 1h47 par jour en 2010 à 47 minutes en 2025.
L’écart en 2010 est en fait un peu plus faible ; il est de 1h28, selon l’INSEE : les femmes consacrent 3h52 par jour aux activités domestiques, les hommes 2h24. (Voir : « Les femmes font moins le ménage, les hommes pas plus »).
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1/ Un métier est considéré comme mixte s’il exercé par au moins 40% de femmes ou d’hommes.