Une « Journée européenne de l’égalité salariale » et en France un « mouvement pour l’égalité des salaires » : deux initiatives pour mettre en lumière l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes.
Jeudi 3 novembre 2016, deuxième Journée européenne de l’égalité salariale : c’est officiellement le jour de l’année où les femmes, dans l’Union européenne, cessent symboliquement d’être rémunérées, du fait de l’écart salarial entre les hommes et les femmes. En effet, la rémunération brute horaire moyenne des femmes dans l’UE est de 16,7 % inférieure à celle des hommes (c’est le « Gender Pay Gap » selon l’institut statistique européen Eurostat). C’est donc comme si elles travaillaient gratuitement pendant près de deux mois dans l’année.
« Une telle situation est injuste, invivable et franchement inacceptable. Les employeurs européens doivent arrêter de laisser entendre que les femmes valent deux mois de salaire de moins que les hommes chaque année », lancent les trois commissaires européen.ne.s – le premier vice-président Timmermans et les commissaires Thyssen et Jourová – qui avaient initié cette journée en 2015.
En France, ce Gender Pay Gap est légèrement inférieur à la moyenne européenne : il s’établit à 15,5% (selon les données 2014 d’Eurostat). Autre chiffre, l’écart de salaire horaire net : selon la DARES, le service statistique du ministère du Travail, il était en 2015 de 16,3% (Voir : Ecart de salaire femmes-hommes : ce qui s’explique, et ce qui ne s’explique pas).
En France, un mouvement lundi 7 novembre à 16h34
Et cette Journée de l’égalité salariale trouvera d’ailleurs un écho en France. Non pas le jeudi 3, mais le lundi 7 novembre. Les collectifs Les Glorieuses et Paye Ta Shnek organisent un « mouvement pour l’égalité des salaires », le lundi 7 novembre à 16h34. Un mouvement directement inspiré de l’action menée en Islande le 24 octobre dernier (Voir : 24 octobre, 14h38, les Islandaises en grève).
Pour faire ce calcul, Les Glorieuses et Paye Ta Shnek ont, elles, pris pour base une différence de salaire entre les femmes et les hommes de 15,1%. Ce qui revient à une différence de 38,2 jours ouvrés dans l’année. C’est donc à partir du 7 novembre à 16h34 (et 7 secondes) qu’en France les femmes travailleront « bénévolement » jusqu’à la fin de l’année.
Les collectifs appellent « les femmes, les hommes, les syndicats et les organisations féministes à rejoindre le mouvement du “7 novembre 16h34” et à multiplier les événements et manifestations pour faire de l’inégalité salariale une problématique politique centrale. En s’emparant collectivement de ce sujet, nous montrons que l’inégalité des salaires entre les genres n’est pas une “affaire de bonne femme” ».
« Cet écart de rémunération cache d’autres inégalités », soulignent encore les organisatrices de cette journée. « Les femmes font davantage de tâches non payées comme les tâches domestiques. Le chiffre est éloquent puisque les hommes consacrent en moyenne 2 heures par jour aux tâches domestiques contre 3,5 heures pour les femmes. »
Une nouvelle proposition de directive en 2017
Les commissaires européen.ne.s tiennent un discours similaire, notant qu’« en règle générale, les femmes travaillent souvent dans des secteurs moins bien rémunérés et, de plus, les hommes sont moins enclins à interrompre leur carrière et à s’occuper de leurs enfants ou de parents à charge. Par conséquent, dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui consacrent moins de temps au travail rémunéré et qui ont plus de mal à combiner vie professionnelle et vie familiale. »
Les trois commissaires en profitent pour annoncer que la Commission européenne présentera dans le courant de l’année 2017 sa nouvelle proposition de directive « pour les familles qui travaillent », qui doit permettre de « relever au mieux le défi posé par la conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée afin que les femmes et les hommes puissent s’épanouir pleinement sur le marché du travail tout en profitant de la vie de famille ». Un texte destiné à remplacer la proposition de directive sur le congé maternité (et paternité), abandonnée en 2015 après plusieurs années de blocage.
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