Valoriser les métiers du care, comme en Nouvelle-Zélande, ce n’est pas seulement réparer une injustice. C’est aussi promouvoir un autre modèle de société.
C’est de Nouvelle-Zélande qu’est venue la bonne nouvelle. Des femmes ont enfin réussi à faire revaloriser les salaires de métiers très féminisés. Il s’agit en l’occurrence des métiers du « care », le soin apporté aux autres. Leur argumentation coule de source : ces métiers exigent des compétences comparables à bien des métiers majoritairement masculins et la pénibilité n’est pas moindre, par exemple quand il faut aider des personnes handicapées à bouger.
Ce qui est devenu presque évident de l’autre côté du globe ne l’est toujours pas en France. Les salaires dans les métiers très féminisés ne bougent pas et la notion de pénibilité n’est pas la même si le métier est considéré comme masculin ou féminin.
On connaît la musique : quand une profession se féminise elle se dévalorise, et vice-versa. Question d’étalon, de conception de la richesse et du travail. Le travail dit « masculin » mérite salaire, celui accompli par les femmes est méprisé. Au point que l’Insee comptabilise dans le PIB le bricolage fait à la maison ou le jardinage… mais pas le travail domestique. Le travail considéré comme masculin mais pas celui considéré comme féminin. Pourtant, gérer une maison, sa propreté, les stocks de nourriture et l’élaboration de menus équilibrés, les activités des enfants, leur santé, leur bien-être… est largement comparable à la gestion d’une entreprise.
Changer d’étalon et considérer que les activités prétendument féminines sont une richesse représenterait bien plus que la réparation des injustices faites aux femmes. Ce serait un autre projet de société donnant la priorité au bien-être sur la production d’objets pas toujours utiles.
Le sujet, soulevé par nombre d’intellectuel.le.s depuis des années, n’entre pas dans le débat public, ou si peu (Voir notre dossier « indicateurs de richesse »). Ceux qui s’expriment et ceux qui briguent le pouvoir ont d’autres priorités et cultivent l’entre-soi masculin. On l’a vu dernièrement avec cet appel à la démocratie laissant très peu de place à des femmes. Et il ne faut pas compter sur les candidat.e.s à la présidentielle pour revoir les étalons de la richesse. À quelques rares fulgurances près, leurs programmes pour l’égalité des sexes sont le plus souvent un affichage destiné à grappiller quelques voix. Nous publierons un dernier point sur le sujet ce vendredi avant d’aller voter. Sachant, comme l’a dit naguère un président, que « les promesses n’engagent que ceux qui les croient »…