Parmi les personnalités citées dans les journaux, les femmes sont toujours rares. Sur les ondes, elles apparaissent davantage mais parlent moins. Elles sont toujours sétréotypées.
L’image des femmes dans les médias a-t-elle pâti de la crise sanitaire? Il semblerait que non, mais elle n’est toujours pas brillante comme le montrent deux études publiées cette semaine.
Une bonne nouvelle tout d’abord du côté du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) : en 2020, la présence des femmes sur les radios et télévisions est restée stable pour la deuxième année consécutive, à 41 %. Mais « à présence égale, les femmes s’expriment toujours moins que les hommes » note le gendarme de l’audiovisuel. Leur temps de parole global, mesuré par l’Institut national de l’audiovisuel (INA), s’établit à 35 % du temps, contre 37 % en 2019. Dans le détail il apparaît même que sur huit chaînes le temps de parole de femmes est inférieur à 30 %. Et c’est la chaîne de sport L’Équipe qui affiche le plus mauvais score, à 13 % de temps de parole pour les femmes. Les chaînes de service public rattrappent la moyenne.
Côté presse écrite et web éditorial, pour sa huitième édition, l’Observatoire de la parité dans la presse française de la société de veille-médias Aday, n’a compté que 19,2 % de femmes dans les médias français. Et c’est le meilleur score en huit ans. Un score identique à celui de 2013, première année de ce baromètre qui a pu descendre jusqu’à 15,1% en 2015.
La première femme apparaissant dans le classement des 1000 personnalités les plus médiatisées en 2020 arrive à la 15ème place. Angela Merkel, souvent citée pour sa gestion de la crise sanitaire est suivie par la Maire de Paris Anne Hidalgo (16ème) et la présidente du Rassemblement National Marine Le Pen (18ème).
35 femmes politiques apparaissent parmi les les 50 premières femmes classées, mais globalement, ce sont encore les femmes de la catégorie Culture & Médias qui l’emportent représentant 48% des femmes citées (+ 3 points par rapport à 2019) contre 34 % pour la catégorie Politique (+ 1 point par rapport à 2019). La catégorie sport est en chute : 12% en 2020 contre 21% des femmes en 2019. Mais, rappelle Aday, 2019 avait été marquée par la Coupe du monde féminine de football. La pire invisibilisation des femmes reste dans la catégorie Business : 1% seulement des 19,2 % de femmes citées sont des business women, un score identique à celui de 2019.
Pour les hommes, qui représentent donc 80,8 % des personnes citées, dans ces médias, le classement est différent. Ils sont 28 % pour la catégorie Politique, 19 % pour Culture & Médias, 45 % pour sport et 5 % pour Business
Ces études confirment que la place des femmes dans les médias, et donc dans la société, ne peut s’améliorer qu’avec de fortes contraintes. Si les femmes politiques sont visibles, c’est parce qu’une loi sur la parité adoptée en 2000 a obligé les partis politiques à présenter autant de femmes que d’hommes lors de plusieurs élections. Et parce que des mouvements féministes font pression pour que les gouvernements soient paritaires. D’ailleurs le CSA signale que la présence des femmes sur les ondes a grimpé à 45% durant la campagne pour les élections municipales.
Si les footballeuses ont été visibles en 2019, c’est parce que des instances comme le Conseil supérieur de l’audiovisuel et le ministère des Sports, poussés par des associations féministes, ont fait pression sur les médias pour qu’ils donnent de la visibilité à la compétition qui se tenait en France.
Côté business, les grandes capitaines d’industrie étant rares, peu de femmes peuvent apparaître dans les médias . Et les contraintes légales ne sont pas encore suffisantes. La loi Copé-Zimmermann de 2011 qui a imposé des quotas dans les Conseils d’administration des entreprises cotées, ne permet pas encore de placer des femmes au sommet.
Enfin, si les femmes artistes se taillent la part du lion dans les médias, il s’agit rarement de réalisatrices ou de créatrices qui imposent leur vision du monde dans le paysage médiatique. Ce sont plutôt des actrices ou mannequins interprétant un monde pensé par d’autres, le plus souvent des hommes.
Derrière ces chiffres un peu désespérants, il faut aussi noter la présence d’Adèle Haenel à la 39ème place du classement d’ Aday. L’actrice a mis un grand coup de pied dans la fourmilière sexiste du 7ème art fin 2019 et elle a été appelée par l’académie des Oscars (lire : L’ACADÉMIE DES OSCARS S’OUVRE. ADÈLE HAENEL INVITÉE) . Rappelons aussi qu’une autre étude d’Aday notait une amélioration du traitement de certains sujets par la presse, notamment les questions de violences sexistes. Lire : L’INFO DEVIENT MOINS MISOGYNE
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