Après le procès de « la meute » qui a provoqué de larges mobilisations contre une « justice patriarcale », le gouvernement espagnol a annoncé une réforme du code pénal et des cours pour les juges.
« Ce n’est pas un abus sexuel, c’est un viol ! » Depuis le verdict du tribunal de Pampelune dans l’affaire dite de « la Meute » jeudi 26 avril, les manifestations se sont multipliées en Espagne. Cinq hommes surnommés « la meute » (La Manada), ont été condamnés à neuf ans de prison pour « abus sexuel » et « abus de faiblesse» sur une jeune fille, en juillet 2016 pendant les fêtes de Pampelune. Les juges n’ont pas retenu la qualification de «viol». La scène avait pourtant été filmée et postée sur les réseaux sociaux par « la meute ». Le parquet avait requis vingt-deux ans et dix mois de réclusion contre les coupables. En vain, au procès, la jeune fille avait même dû justifier son attitude passive face aux cinq agresseurs. Alors même que le tribunal reconnaissait que l’agression l’avait laissée « sans capacité de réaction ».
Colère en Espagne pour dénoncer une « justice sexiste et patriarcale » 30.000 personnes sont descendues dans les rues de Pampelune, mais aussi de Madrid, et d’autres grandes villes espagnoles, aux cris de « No es no » (non c’est non) ou, « Yo sí te creo » (Moi, je te crois).
L’Espagne sait se mobiliser pour les droits des femmes. Elle l’a montré le huit mars dernier avec une grève historique contre les inégalités salariales et les violences machistes.
Voir : En Espagne, mobilisation sans précédent pour le 8 mars
Ces mobilisations paient. Aujourd’hui, c’est le procès de la justice espagnole qui se joue. En même temps que les manifestations, une pétition réclamant la révocation des juges et notamment le juge Ricardo González, qui avait prôné la relaxe, comptait 1,2 millions de signatures.
Le gouvernement de Mariano Rajoy, conservateur, plutôt éloigné de ces sujets considérés comme « de gauche », s’est rangé du côté des manifestant.e.s.
Le ministre de la justice Rafael Catala, est même allé jusqu’à mettre en cause le juge « On m’a dit que c’est quelqu’un qui a été sanctionné, qui a un problème… », a-t-il déclaré lundi à la radio. Il ne comprenait pas que la direction du pouvoir judiciaire n’ait pas « agi préventivement » contre ce magistrat.
Illico, sept associations de juges et avocats ont signé une pétition demandant la démission du ministre.
Lequel a annoncé une réforme du code pénal de 1995 afin de revoir les définitions des délits sexuels et du viol. L’exécutif s’est même engagé à accéder à la demande des associations de victimes de violence machiste de mettre en place des cours de sensibilisation dans les écoles de procureurs et juges.