Sous représentées parmi les créateurs d’entreprises, les femmes sont moins soutenues que les hommes mais affichent plus de rentabilité, dans des secteurs à impact environnemental et sociétal. Une étude pilotée par Willa montre un énorme « gender gap ». Et si l’écosystème en finissait avec les biais sexistes ?

Elles représentent 48% de la population active mais seulement 30% des chef.fes d’entreprises. Et ce chiffre tombe à 8% parmi les dirigeants d’entreprises de plus de 100 salariés et même 6% pour les entreprises de plus de 250 salariés. Dans les start-ups promises à des levées de fonds permettant une croissance rapide, la sous-représentation des femmes est encore pire : 84% des équipes fondatrices sont 100% masculines, 12% sont mixtes, et seulement 5% sont 100% féminines. Et pour ce qui est des levées de fonds, c’est pire encore : seuls 2% des fonds investissent dans des startups fondées par des femmes. (Lire : Sista crée un fonds pour soutenir les startuppeuses)
Ces chiffres sont tirés d’une étude sur le « Gender gap dans l’entrepreneuriat» réalisée par l’incubateur Willa, qui accompagne les femmes créatrices d’entreprises, France Digitale et Roland Berger, auprès de 500 entrepreneur.e.s partout en France. Et le fossé est énorme !
Petites joueuses les femmes ? Pour elles, la création d’entreprise ressemble à une course d’obstacles bien plus hauts que ceux rencontrés par les hommes.
0% de femmes ont une vocation entrepreneuriale
Si l’aventure entrepreneuriale ressemble à une évidence pour les hommes, pour les femmes c’est loin d’être le cas. Aucune femme – 0% ! – ne dit avoir une vocation entrepreneuriale, contre 20% des hommes. 44% des femmes attendent d’avoir 10 ans d’expérience avant d’entreprendre, alors que les hommes ne sont qu’un quart (25%) dans ce cas.
Pour elles, l’entrepreneuriat n’est pas un choix de carrière à part entière. Elles franchissent souvent le pas à la suite d’un élément déclencheur (licenciement, démission, rupture conventionnelle…) : c’est le cas pour 28% des créations d’entreprises par des femmes mais seulement 12% par des hommes. Et le « profil multi entrepreneurial » concerne 52% des hommes et seulement 27% des femmes. « Le désir d’entrepreneuriat naît plutôt chez les femmes comme une réponse à des obstacles ou des opportunités qui se sont présentés au cours de leurs parcours, et non une volonté personnelle initiale » décrypte l’étude.
Altruisme
Quant aux motivations, elles reflètent une conformité aux stéréotypes de sexe : aux femmes les motivations altruistes, aux hommes les motivations conquérantes. 6% des femmes déclarent entreprendre dans le but premier de gagner de l’argent contre 25% des hommes.
Dans quels secteurs ? Les femmes optent pour les secteurs environnementaux : 22% dans le développement durable ou des sujets sociétaux comme le bien-être (10%), la santé (9%) l’éducation ou l’alimentation. Tandis que le premier secteur d’entrepreneuriat chez les hommes est celui des services financiers (15%).
Avec quels critères de réussite ?
Chez les femmes, les critères de réussite à cinq ans sont la rentabilité (77% des répondantes), l’atteinte du leadership dans son secteur (56%), le recrutement de nombreux collaborateurs (47%), l’obtention d’un label attestant de l’impact positif (30%) et l’internationalisation (27%).
Et chez les hommes : le leadership dans son secteur arrive en tête (65%), suivi par la rentabilité (63 %), l’internationalisation (35%), le recrutement de nombreux collaborateurs (28%), et enfin un label attestant de l’impact positif (20%).
Risques limités pour elles
44 % des femmes attendent d’avoir 10 ans d’expérience avant d’entreprendre, alors que les hommes ne sont qu’un quart dans ce cas. Pour elles, souvent, l’entrepreneuriat n’est pas un choix de carrière à part entière. Elles franchissent souvent le pas à la suite d’un élément déclencheur (licenciement démission…) c’est le cas pour 28% des entreprises créées par des femmes et 12% seulement des entreprises créées par des hommes. Et le « profil multi entrepreneurial » concerne 52% des hommes et seulement 27% des femmes. « Le désir d’entrepreneuriat naît plutôt chez les femmes comme une réponse à des obstacles ou des opportunités qui se sont présentés au cours de leurs parcours, et non une volonté personnelle initiale » décrypte l’étude. 6% des femmes déclarent entreprendre dans le but premier de gagner de l’argent contre 25% des hommes.
La moindre percée des femmes dans l’entreprenariat s’explique aussi, en grande partie par des modes de financement des entreprises. Les femmes se lancent avec un niveau d’épargne inférieur à celui des hommes, en raison des différences de salaires antérieures à la création d’entreprise.
Croissance organique
Elles sont deux fois moins nombreuses (17%) que les hommes (40%) à recourir à des levées de fonds. Et les hommes obtiennent des sommes infiniment plus élevées que les femmes. Les investisseurs boudent les femmes et les secteurs d’activité vers lesquels elles se dirigent. Mais pour elle, ce mode de financement n’est pas privilégié car elles craignent de perdre le contrôle de leur entreprise et de de voir renoncer à leurs valeurs.
Elles misent sur la croissance organique pour assurer la pérennité de leur entreprise et assurer sa viabilité économique. « Ce point est particulièrement important, quand on sait que les entreprises dirigées par des femmes sont souvent plus rentables que celles dirigées par des hommes (8% de plus, en Europe). Une tendance qu’on observe aussi en France où les femmes, qui représentent seulement 15% des chefs de sociétés ou d’entreprises, contribuent pourtant à 21% des profits de l’ensemble des PME« . analyse l’étude. (Lire aussi : La rentabilité des entreprise augmente avec l’égalité femmes-hommes)…
Changer l’écosystème de l’entrepreneuriat
Alors que faire pour favoriser l’entreprenariat chez les femmes ? L’étude conseille aux créatrices de bien s’entourer et appellent les structures de financement à se former aux biais de genre pour éviter de passer à côté de femmes talentueuses. Créer des véhicules spécifiques pour financer des projets plus divers, dans les secteurs d’activité prisés par les femmes serait aussi une bonne idée. Les pouvoirs publics pourraient aussi accélérer l’égalisation du congé parental et créer une fiscalité avantageuse pour les entreprises fondées par au moins une femme. Bpifrance pourrait même créer une subvention spécifique pour les organisations dirigées par au moins une femme afin de compenser les écarts de fonds propres à la création d’entreprise.
En privilégiant le soutien à la création d’entreprises des femmes au lieu de soutenir les hommes, l’écosystème de l’entrepreneuriat aurait un autre visage. Avec des entreprises privilégiant l’environnement et le sociétal. Des entreprises préférant la pérennité à la surpuissance.