Les pouvoirs publics et plusieurs associations font équipe pour sensibiliser le public de l’Euro 2016 à la prostitution et aux violences sexistes et sexuelles.
Le coup d’envoi de l’Euro 2016 de football en France, vendredi 10 juin, marque aussi celui d’une grande campagne de prévention de l’achat d’actes sexuels. Une série d’affiches et cartes postales – en français et en anglais – décline ce slogan : « Le prix d’une passe n’est pas celui que tu crois. Acheter du sexe c’est participer à la traite et à la destruction de millions de personnes vulnérables ».
La campagne, à l’initiative du Mouvement du Nid, sera relayée dans les territoires (Paris, Marseille, Lyon, Nice, Strasbourg, Lorient, Orléans, Lille, Toulouse et dans l’Essonne) sous forme d’affichage et de diffusion de cartes postales dans les fan zones et dans les bars retransmettant les matchs, dans les mairies et les maisons des associations, précise le Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes qui en est partenaire avec la Mairie de Paris.
« Nous voulons mettre en responsabilité les hommes qui, en achetant du sexe, permettent à un système d’exploitation et de violence d’exister, de prospérer et de s’étendre. Nous voulons les amener à se questionner », espère le Mouvement du Nid, engagé pour l’abolition de la prostitution.
« Nous accompagnons le changement de regard, encore nécessaire, sur la prostitution »
Le 6 avril dernier, la loi contre le système prostitutionnel était définitivement adoptée en France. Désormais, le recours à la prostitution est passible d’une amende allant jusqu’à 1 500 euros, qui peut être accompagnée d’un stage de sensibilisation. Problème : le manque de communication autour de la nouvelle législation. Le HCEfh conseillait ainsi de mettre en lumière la loi. C’est donc aujourd’hui le cas, les affiches du Nid indiquant que « Solliciter la prostitution d’autrui est puni par la loi ».
« Par cette campagne, nous rappelons au grand public, et notamment aux supporteurs français ou étrangers, que la prostitution est une violence insupportable pour les femmes qui la subissent. Les clients sont responsables, l’achat d’acte sexuel est aujourd’hui clairement interdit en France. Ainsi, nous accompagnons le changement de regard, encore nécessaire, sur la prostitution », commente Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes.
La Mairie de Paris, tout en relayant cette campagne, s’est également associée à l’association Zéromacho. Dans ce cas, c’est en vidéo (avec une version anglaise) qu’on sensibilise en ridiculisant les clients potentiels. Le clip sera diffusé « dans la Fan Zone Tour Eiffel avant chaque retransmission de match et sur les réseaux sociaux », précise la Ville de Paris.
https://youtu.be/j6q9vhhUzmU
Le 21 avril dernier, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) prenait les devants en recommandant plusieurs mesures aux pouvoirs publics. En cause : le boom redouté de la prostitution et des violences sexistes lors des événements sportifs et plus spécifiquement lors des compétitions internationales de football (comme c’était le cas, par exemple, pour le dernier Euro en Ukraine).
« Fan zones » sans violences sexistes
Face à ce constat, le HCEfh demandait que « des mesures soient prises pour prévenir le recours à grande échelle de la prostitution (…) Les réseaux prostitutionnels, eux, sont capables d’anticiper longtemps à l’avance les événements sportifs, qui sont pour eux l’occasion de profits gigantesques et alimentent une traite mondiale d’êtres humains ».
Faisons en sorte que les « fans zones d’accès libre » (…) restent des lieux de convivialité et de non violence », insistait également le Haut Conseil à l’Égalité. Dans cette optique, une autre association se mobilise. Femmes Solidaires va cibler ses actions sur les violences sexistes et sexuelles, particulièrement pendant l’Euro.
« Nous irons à la rencontre du public sur les fan zones et aux abords des stades », note l’association, avec ce slogan : « Cet été c’est respect », et un message clair : « C’est pas parce que c’est la fête que tout est permis. Non, c’est non. En toutes circonstances. Même si t’as un peu trop bu, que t’as vraiment envie, même si c’est pour rigoler, même si ‘Oh ça va les féministes elles sont relou, on peut plus rien faire’… ».
Dix jours plus tôt, l’association Elle’s imagin’ent avait lancé une campagne choc contre les violences conjugales : « Je ne supporte pas les bleus », disaient Raymond Domenech, Laurence Ferrarri, Franck Leboeuf…, créant ainsi le buzz sur internet. Un double sens évident sur les Bleus, l’Équipe de France, et les bleus reçus après des coups. En quelques heures le mot-clé #JeNeSupportePasLesBleus était devenu l’expression la plus utilisée sur Twitter.
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