Dans le quotidien régional Sud-Ouest, la victime d’un viol semble surtout coupable de « ternir » la fête (article modifié).
Le quotidien Sud-Ouest a eu une bien curieuse façon de relater des faits qui se sont produits samedi 27 juillet au matin lors des fêtes de Bayonne, cette institution qui attire chaque année près de 800 000 joyeux festayres habillés de blanc et rouge. Une première version de l’article de Sud-Ouest titrée « Les fêtes de Bayonne ternies par un viol » a été modifiée depuis. Mais on retrouve sa trace dans l’adresse url : « la-fete-ternie-par-un-viol » (ainsi que dans la légende de la photo, comme on nous le signale dans un commentaire).
Réputée bon enfant et de plus en plus alcoolisée, la fête a connu un drame cette fois-ci puisqu’une femme a été violée . Le viol est un crime en droit français, rappelons-le. Mais le vocabulaire employé par le quotidien dans la première version racontait par euphémismes ce crime devenant un fait ayant « terni » la fête, « la dernière du mandat du maire Jean Grenet.» Cette remarque a été retirée dans la deuxième version.
Et le journal n’est pas loin de rendre la victime coupable de ce qui lui est arrivé. « La quadragénaire a vraisemblablement perdu de vue l’amie avec laquelle elle avait passé la soirée et s’est retrouvée isolée dans un quartier peu fréquenté les soirs de fêtes et où les secours n’ont donc pas l’occasion de se rendre. » S’il s’agissait d’un vol de portefeuille, préciserait-on que la victime se promenait avec son sac sur elle dans une rue sans secours à proximité ?
Et ce n’est pas tout : le journal a l’air de douter. La procureure affirme que « les faits paraissent avérés » et exclut « toute situation ambiguë ». Et dans la première version de l’article, Sud-Ouest précisait que « au vu du contexte, les agressions sexuelles et viols des Fêtes de Bayonne sont toujours examinés avec grande précaution. » Pourquoi cette précision (expurgée depuis) ? Difficile de comprendre cette phrase ambigüe. Rappelons que le nombre de fausses accusations de viols en France est très faible, de l’ordre de 2 % selon certaines sources.
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