
Alors que la parité est en bonne voie dans les instances politiques, le CSA pointe une baisse du nombre de femmes politiques invitées à s’exprimer sur les ondes.
Ça alors ! Il y a quelques jours, l’INA rapportait l’étonnement des dirigeants de médias à l’annonce du faible temps de parole qu’ils laissaient aux femmes sur les ondes. L’étude portait sur les 20 dernières années. Le rapport annuel du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) alerte depuis 2015 sur la place des femmes à la télévision et à la radio. Et manifestement, il n’est pas pris en compte par les chaînes.
Globalement, la présence des femmes (39 %) est en légère baisse sur les antennes – télévision et radio confondues – par rapport à 2017, elle perd un point. Mais surtout, « La proportion d’invitées politiques, télévision et radio confondues, est toujours aussi faible (27 % soit -5 points par rapport à 2016) alors même que les femmes n’ont jamais été aussi bien représentées à l’Assemblée Nationale (39 %) » indique le rapport sur l’année 2018. En outre, le gouvernement étant presque paritaire, les télévisions et radios avaient, plus que les autres années la possibilité d’inviter des femmes.
Autre mauvais chiffre de ce cru 2018 : « la sous-représentation des femmes aux heures de fortes audiences, à la télévision, perdure : 29 % sur la tranche 21h-23h (-4 points par rapport à 2016) contre 42 % au global. » Même sur les chaînes d’information en continu (BFMTV, CNews ou France 24 ) où elles sont un peu plus présentes que les hommes (56%), elles sont moins nombreuses qu’en 2016 (-3 points). Ces relatifs bons chiffres des chaînes d’information en continu sont liés au fait que les journalistes et présentatrices, plus que les femmes politiques permettent d’assurer la présence de femmes à l’antenne. Mais le CSA note que « Les deux catégories dans lesquelles les proportions de femmes sont les plus élevées – présentatrices (47 %) et journalistes (38 %) – connaissent, pour la première fois depuis 2016, des baisses (respectivement -1 et -2 points) »
Seule une matinale est présentée par une femme quand les autres sont soit mixtes soit exclusivement présentées par des hommes. Cependant la part des femmes dans les matinales radio (autrefois surnommées « Matimâles ») a augmenté de 4 points par rapport à 2016, pour atteindre 39% des interventions.
Les chaînes de radio publiques ont un temps d’avance sur les privées : 43% de femmes présentatrices sur les antennes de Radio-France, contre 38% chez Europe 1, RMC (1) et RTL. Et pourtant, ces deux dernières ont augmenté la part des femmes présentatrices de, respectivement +9 points et +3 points.
Davantage d’expertes et de sportives
Côté progrès tout de même : « Le taux d’expertes, télévision et radio confondues, continue de progresser : 37 % d’expertes, soit +2 points par rapport à 2017 et +7 points par rapport à 2016 »
Et quid des modèles véhiculés à l’antenne ? Le CSA voit une augmentation des programmes « contribuant à la lutte contre les préjugés sexistes et les violences faites aux femmes » il peut s’agir de « fictions audiovisuelles mettant en avant des femmes à travers des personnages principaux dénués de préjugés sexistes (ex : « Le cœur des femmes », « 3x Manon », « Françoise Dolto le désir d’une vie », etc.). Peuvent également être citées des fictions ayant pour thème spécifique les violences faites aux femmes (ex : « Bleus au cœur », « Enfer à domicile », « Mur de l’humiliation », etc.) ».
Autre nouvelle plutôt encourageante : le sport apparaît de moins en moins comme un terrain réservé aux hommes. La chaîne l’Équipe a déclaré 682 retransmissions sportives contre 338 en 2017 dans lesquelles on voit les femmes pratiquer l’aviron, le biathlon, le curling, le cyclisme, etc… Mais on ne dispose pas de photographie globale de la présence des sportives sur les ondes.
Le CSA invite toutes les chaînes à intensifier les efforts pour montrer davantage de femmes dans des rôles divers et valorisants.