La vidéo polémique de l’humoriste ne tombe pas sous le coup de la loi française. Mais en Belgique un texte de loi sur le point d’être adopté prévoit de punir ce genre de comportement.
Rémi Gaillard sous le feu des critiques. Une courte vidéo mise en ligne le 28 mars par l’humoriste suscite un vif débat. Dans ce film intitulé « Free sex », Rémi Gaillard joue de la perspective pour mimer des actes sexuels sur des femmes anonymes (et sur un policier).
Bilan : un énorme succès d’audience sur internet – en 5 jours la vidéo affiche près de 4 millions de vues – et une vaste polémique. Des internautes ont rapidement dénoncé le message véhiculé par ce sketch. La blogueuse Daria Marx, déplore que « ce genre de vidéo entretient l’idée que l’espace public n’appartient pas aux femmes ».
Arrêt sur Images compile les réactions, notamment celle d’Audrey Pulvar sur D8, lundi matin : « C’est une agression, c’est ce que subissent des milliers de jeunes filles ou de femmes tous les jours dans les transports en commun, dans l’entreprise, au collège, au lycée… ».
Ce petit jeu de l’humoriste rappelle celui de l’animateur Guillaume Pley. En octobre 2013, ses baisers forcés avaient fait le buzz et la polémique (Voir : Guillaume, 28 ans, prof de sexisme).
Harcèlement sexuel ? Pas si simple.
Rémi Gaillard se défend en brandissant la liberté d’expression, et assure que les jeunes femmes qui apparaissent dans sa vidéo ont accepté la diffusion des images. Pour autant, pourrait-il devoir répondre de ces actes devant la justice ?
Pour l’avocat-blogueur Maître Eolas, « la vidéo ne relève pas de l’agression sexuelle (faite de contact) ». En revanche, elle relève du harcèlement sexuel, assure-t-il. Pas si simple.
Interrogée par Arrêt sur Images, Marilyn Baldeck, juriste à l’AVFT, association contre les violences faites aux femmes au travail, est plus nuancée. Pour elle, « le problème au regard de la définition du harcèlement sexuel, c’est la question de la répétition (au moins deux fois) pour que l’infraction soit constituée. Et les faits sont répétés s’ils sont commis deux fois sur la même personne. Or là il s’agit de personnes différentes ».
Selon la loi du 6 août 2012, le harcèlement sexuel est « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. »
La Belgique s’apprête à punir le sexisme
Difficile en effet de considérer ici que le comportement de Rémi Gaillard à l’égard d’une même personne est répété. En Belgique, en revanche, une loi qui entrera bientôt en vigueur pourra sanctionner ce genre de vidéo. Le texte définit, pour la première fois, le concept de sexisme. Lequel s’entend comme « tout geste ou comportement verbal ou autre, qui (…) a manifestement pour objet d’exprimer un mépris à l’égard d’une personne, en raison de son appartenance sexuelle, ou de la considérer, pour la même raison, comme inférieure ou comme réduite essentiellement à sa dimension sexuelle et qui entraîne une atteinte grave à sa dignité. »
De tels comportements sexistes pourront être punis d’un emprisonnement d’un mois à un an et/ou d’une amende de cinquante à mille euros.
Le texte est en bonne voie pour être adopté après avoir avoir reçu l’aval de la Commission de la Justice de la Chambre des députés, mercredi 26 mars. Pour la ministre de l’Égalité des chances, Joëlle Milquet, « ce projet de loi apporte enfin un soutien clair aux victimes, souvent des femmes, en affirmant leur liberté d’aller et de venir dans l’espace public ». C’est en effet suite à un documentaire sur le « harcèlement de rue », qui avait secoué la Belgique en 2012, que la ministre avait annoncé ce texte de loi (Voir : La Belgique va légiférer contre le sexisme ordinaire).