Sur-sollicitées, proches du burn-out, oubliées des revalorisations salariales, les associations de terrain craignent de voir partir leurs salarié.es. Elles réclament des moyens décents pour assurer la mission qui leur est confiée par l’Etat.
Elles ne bloquent pas le pays, ne ferment pas le robinet d’essence, ne mettent pas le feu, n’ont pas de revendications démesurées… Et pourtant, elles auraient de quoi se fâcher sérieusement. Elles ? « Les associations de terrain accompagnant les femmes victimes de violences » Elles viennent de publier dans Le Monde une tribune intitulée : « Une revalorisation des métiers du soin est urgente »
Elles y décrivent le sort réservé à ces professionnelles qui écoutent, hébergent, accompagnent les victimes, psychologiquement et dans leurs démarches juridiques complexes.
Et leur mission s’est considérablement accrue depuis #MeToo. « Depuis cinq ans, le gouvernement et les médias incitent les femmes à parler et à porter plainte contre les violences, à dénoncer les situations injustes. Mais qui les écoute ? Qui leur apporte des réponses ? Qui accumule une expérience de terrain unique et utile à l’élaboration de politiques publiques, de modifications législatives ? »
Ce sont elles. En outre leur activité a connu un pic pendant la crise sanitaire : « Lors des différents confinements, nos salariées ont continué d’écouter et de soutenir activement les victimes, souvent en télétravail depuis leur domicile, amenant ainsi chez elles, dans leur vie familiale, les violences. Elles ont mis en sécurité des femmes victimes de violences, alors que tout le pays était immobilisé, que les centres d’hébergement d’urgence étaient confinés. » rappellent-elles.
Mais ces professionnelles de l’accompagnement sont invisibles. Même quand les responsables politiques ont vaguement pris conscience de l’importance de l’armée invisible des professionnel.les du soin, avec la crise du Covid, elles sont restées sous les radars.
« Lorsque le gouvernement a annoncé la revalorisation des salaires des métiers de la santé et de l’accompagnement social, en première ligne durant la crise sanitaire, il nous semblait évident que les salariées de nos associations seraient concernées. » écrivent les autrices de la tribune… Eh bien non ! « Le budget du ministère de l’égalité femmes-hommes, qui reste le plus petit budget de l’Etat, ne prévoit pas d’intégrer des moyens supplémentaires pour la revalorisation des salaires des employés de notre secteur» déplorent ces responsables d’associations de terrain.
Et de rappeler avec autant de fausse candeur que le gouvernement : « Comment expliquer, alors que l’égalité femmes-hommes a été annoncée comme étant la grande cause de votre quinquennat, que les associations qui la mettent en œuvre sur le terrain soient exclues de cette revalorisation et ne soient pas reconnues pour leur utilité sociale ? »
Aujourd’hui leurs salariées sont épuisées, commencent à fuir vers des secteurs qui ont été revalorisés et les responsables des associations sont très inquiètes. Alors elles le demandent clairement : « Nous vous demandons de poser un acte nécessaire, concret et immédiat en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, en veillant à une augmentation supplémentaire du budget consacré à la revalorisation salariale des professionnelles de 10 millions d’euros. C’est notre capacité à porter un projet de société plus juste et plus humain, une société de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui est en jeu. »
Seront-elles entendues quand le pays menace d’être bloqué par la pénurie de carburant due à une grève dans les raffineries ?