La nouvelle vice-présidente des Etats-Unis veut ouvrir plus largement les portes du pouvoir aux femmes. Un journal la (dis)qualifie « première dauphine ». Puis se rétracte.
«Je suis la première femme à occuper ce bureau, mais je ne serai pas la dernière», a promis Kamala Harris, «parce que chaque petite fille qui regarde ce soir voit que c’est un pays de tous les possibles».
https://twitter.com/KamalaHarris/status/1325285369609416706
Ces mots de la toute première vice-présidente des Etats-Unis, certains ne veulent pas les entendre de ce côté-ci de l’Atlantique. Kamala Harris n’a pas échappé à une sortie bien sexiste du journal Libération. Dans son édition du 8 novembre, le quotidien titre : « Kamala Harris, première Dauphine ? » Cette façon de ramener systématiquement les femmes à leur fonction décorative n’est pas passée. Vivement interpelé sur les réseaux sociaux, Libération a changé son titre sur la version en ligne de cet article. Mais sur le journal papier les écrits restent signant le refus, par ce journal, de voir les femmes accéder au pouvoir. L’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Mais aujourd’hui, la poignée d’hommes qui a pris la tête des journaux et confisqué le pouvoir de qualifier et disqualifier les femmes, est dépassée.
Kamala Harris écrit elle-même une nouvelle page de l’Histoire. Dans son discours, elle a longuement rendu hommage aux générations de femmes qui ont « ouvert la voie » à son élection. Vêtue de blanc pour symboliser le mouvement des « suffragettes », elle a ravivé le souvenir des femmes courageuses qui ont milité pour obtenir le droit de vote au début du 20e siècle au Royaume-Uni d’abord, puis dans plusieurs pays, dont les États-Unis, où les femmes ont obtenu le droit de vote national en 1920. Ces militantes avaient adopté la robe blanche comme signe de ralliement dans certaines de leurs manifestations. Un siècle plus tard, même ambiance. En février 2019, les femmes démocrates du Congrès s’étaient déjà habillées de blanc lors du discours sur l’état de l’Union de Donald Trump.
«Je pense aux femmes noires, blanches, asiatiques, latinas, natives amérindiennes. Je pense à toutes ces femmes qui ont pavé la route qui mène à ce moment» a notamment déclaré Kamala Harris. Elle a salué celles «qui ont sacrifié tant pour l’égalité, la liberté et la justice pour tous, y compris les femmes noires, qu’on regarde trop souvent de haut, mais qui si souvent prouvent qu’elles sont la colonne vertébrale de notre démocratie».
Maintenant avec son accession à la vice-présidence des Etats-Unis, les femmes écrivent une nouvelle page d’Histoire : « Il y a cent ans avec le 19e amendement, il y a 55 ans avec la loi sur le droit de vote et maintenant, en 2020, avec une nouvelle génération de femmes dans notre pays qui ont déposé leur bulletin dans l’urne et ont poursuivi le combat pour le droit fondamental de voter et d’être entendues », a-t-elle récapitulé. N’en déplaise à ceux qui considèrent les femmes comme des objets de décoration !
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