La journaliste d’Azerbaïdjan Khadija Ismayilova et l’Éthiopienne Yetnebersh Nigussie, qui milite pour les personnes en situation de handicap, sont les lauréates du Prix Right Livelihood 2017, avec les avocats Colin Gonsalves et Robert Bilott.

Khadija Ismayilova (à gauche) Crédit Aziz Karimli / Yetnebersh Nigussie (à droite) en 2008 à Vienne © Anna Rauchenberger
Bien plus paritaires que les Nobel, les Prix Right Livelihood récompensent « des personnes, leur travail et les luttes qu’elles mènent pour un avenir meilleur ». La Fondation Right Livelihood, qui décerne chaque année depuis 1980 ses quatre « prix Nobel alternatifs », a dévoilé mardi 26 septembre ses lauréat.e.s 2017. Ce sont deux femmes et deux hommes qui sont distingués.
Khadija Ismayilova (Azerbaïdjan) est récompensée « « pour son courage et sa ténacité à exposer la corruption au plus haut niveau gouvernemental par le biais d’un journalisme d’investigation exceptionnel au nom de la transparence et de la responsabilité. » C’est la première fois qu’un Prix Right Livelihood revient à une personnalité d’Azerbaïdjan.
En 2015, suite à un procès politique, Khadija Ismayilova a été condamnée à 7 ans et demi de prison. Elle a été libérée quelques mois plus tard. Elle est, avec Leila Yunus, une figure emblématique de la lutte, par la plume, contre le régime autocrate de Bakou. Khadija Ismayilova dit accepter ce prix « au nom de tous les journalistes et défenseur.e.s des droits humains de [s]on pays, qui poursuivent leur travail malgré des conditions difficiles ».
Autre femme à l’honneur, Yetnebersh Nigussie (Éthiopie). Le jury salue « son travail inspirant qui promeut les droits et l’inclusion des personnes en situation de handicap, leur permettant ainsi d’optimiser leur potentiel et de faire évoluer les mentalités dans nos sociétés ».
Femme dans un pays pauvre, devenue aveugle à l’âge de 5 ans suite à une maladie, Yetnebersh Nigussie a obtenu un diplôme de droit et est aujourd’hui engagée dans de nombreuses associations pour promouvoir les droits des personnes en situation de handicap, dans son pays et dans le monde. Le cœur de son message : « Nous avons un seul handicap, mais nous pouvons tirer parti de 99 aptitudes ».
Ces deux militantes partageront une récompense de 3 millions de couronnes suédoises (environ 315 000 euros) avec un troisième lauréat, l’avocat indien Colin Gonsalves, défenseur des droits humains devant la Cour suprême. Il reçoit ce prix « pour son utilisation inlassable et innovante des litiges d’intérêt public qui ont permis de garantir les droits fondamentaux des citoyens les plus marginalisés et vulnérables de l’Inde depuis plus de trois décennies ».
L’avocat américain Robert Bilott, qui se consacre aux causes environnementales, reçoit quand à lui un prix honorifique « pour avoir exposé plusieurs décennies de pollution chimique, obtenu justice pour les victimes et établi un antécédent pour une réglementation efficace des substances dangereuses ». Il a notamment remporté au début de cette année une bataille judiciaire de 19 ans, au nom de 70 000 plaignantes, contre le géant de la chimie DuPont qui avait contaminé des ressources en eau potable.
Le Prix Right Livelihood tire son nom du concept bouddhiste de right livelihood, qui encourage les personnes à vivre d’une façon éthique, qui respecte les autres et le monde naturel. En plus d’un prix en espèces de 3 millions de couronnes suédoises (environ 315 000 euros) à partager, la Fondation Right Livelihood soutient ses Lauréat.e.s, notamment ceux et celles qui sont menacé.e.s à cause de leur engagement.
En 2016, il avait récompensé les « casques blancs » syrien.ne.s, la féministe égyptienne Mozn Hassan, la défenseure russe des réfugiés Svetlana Gannushkina, et le journal turc indépendant Cumhuriyet.