Deux films belges à ne pas manquer cette semaine au cinéma : « Kika », portrait d’une jeune mère solo combattive et drôle et « On vous croit », moment clé de la vie d’une mère défendant ses enfants face à la justice.
« Kika » d’Alexe Poukine : émouvant

Une jeune femme comme tout le monde affronte un malheur imprévu. Kika, c’est son surnom, est enceinte, son compagnon disparait avant la naissance du bébé. Assistante sociale, déjà mère d’une petite fille, elle va devoir trouver comment tenir, psychologiquement et financièrement. Les solutions seront inédites, à base de culottes sales et de rendez-vous BDSM avec des inconnus. « Kika » évoque le deuil et la violence sociale sans jamais s’appesantir. Grâce à un montage qui n’a pas peur des ellipses, l’action avance au rythme d’une jeune mère qui ne lâche jamais prise. Alexe Poukine a commencé par réaliser des documentaires, tous primés. Son approche documentaire se sent dans la justesse des situations, des personnages, en particulier les rôles secondaires qui existent pleinement, dont des comédiens non professionnels. Son premier moyen métrage de fiction évoquait déjà une jeune mère élevant seule sa fille dans des conditions financières précaires. Elle jouait le rôle principal, assumant l’autobiographie. Kika est ici incarnée par Manon Clavel, trouvée après deux ans de casting, déjà inoubliable. « Kika est la femme que j’imagine que j’aurais été, si je n’étais pas devenue réalisatrice. »
« Kika » (fiction, 1h50, Belgique France) d’Alexe Poukine avec Manon Clavel, Ethelle Gonzalez Lardued, Makita Samba. Produit par Wrong Men et Kidam, distribué par Condor, en salle le 12 novembre
« On vous croit », de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys : efficace

Myriem Akheddiou
Enfermé dans une salle aux grandes vitres donnant sur le ciel, un couple séparé argumente devant une juge aux affaires familiales : elle demande à garder les enfants, il réclame un droit de visite ou un placement. Or ce père a été accusé de viol sur son fils de dix ans. Il n’y aura pas de deuxième audience pour Alice, qui joue son va-tout. La juge a entendu les enfants sans leurs parents et sera seule décisionnaire.
Se déroulant en huis clos et quasiment en temps réel, « On vous croit » enferme ses comédiens, épaulés par de véritables avocats qui ont écrit leurs plaidoiries, dans une salle de justice et un format d’image carré. Le récit dénonce la répétition et la lourdeur des procédures judiciaires, quand la réalité impose l’urgence. Le titre souligne l’importance de la parole, certaines victimes, en particulier les enfants, souffrant de ne pas être écoutées, crues, enfin protégées. Ce premier film a été réalisé par un duo, Charlotte Devillers (infirmière travaillant avec des victimes de violences sexuelles) et Arnaud Dufeys, cinéaste et producteur. Sa sortie est précédée d’une dizaine de prix – notamment du public- en festivals et coïncide avec une vague nouvelle de témoignages sur ce sujet. Depuis septembre dernier, des femmes privées de leurs enfants après une plainte contre leur conjoint se sont mobilisées dans les médias français. Certaines de ces « Mères en révolte » s’enfuient à l’étranger avec leurs enfants afin de les soustraire aux violences paternelles. Une enquête très complète sur ce même thème, « Inceste d’État, quand la justice livre les enfants victimes à leurs bourreaux », vient de paraitre chez Stock. C’est le fruit de cinq ans de travail de la journaliste Romane Brisard.
« On vous croit » (fiction, 1h18, Belgique France) réalisé et scénarisé par Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys, avec Myriem Akheddiou, Laurent Capelluto, Natali Broods (la juge), Ulysse Goffin et Adèle Pinckaers (les enfants), produit par Makintosh Films, distribué par Jour2Fête, en salle le 12 novembre.
