Les médias refusent de payer des droits de diffusion élevés pour cet événement. Le cercle vertueux médiatisation / augmentation de la pratique du foot -et du sport- par les femmes est en danger.
Alors que la Coupe du monde féminine de football débute le 20 juillet prochain en Nouvelle-Zélande et en Australie, aucun diffuseur français ne s’est engagé à retransmettre la compétition. Et c’est aussi le cas dans d’autres pays européens.
En cause : une histoire de gros sous. Les chaînes de télévision refusent pour le moment de payer les droits de diffusion prévus par la FIFA, les jugeant trop élevés.
En 2019 pourtant, deux chaînes de télévision communiquaient beaucoup sur cette Coupe du monde, mettant en place des dispositifs inédits pour un tel événement. La démarche était qualifiée d’ « historique » pour le sport au féminin.
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Las ! Quatre ans plus tard, ces belles intentions se sont envolées. Les chaînes de télévision refusent de médiatiser un événement qu’elles jugent trop cher. La Fifa ne veut pas baisser ses prix, pas baisser la valeur du foot féminin.
Les chaînes de télévision invoquent le décalage horaire pour se dérober. Le patron du groupe M6, Nicolas de Tavernost, a par exemple demandé « un prix cohérent avec la décision de la FIFA d’organiser cette compétition au cœur de l’été à des horaires matinaux. » Certains, comme la ministre des Sports, jugent la FIFA « trop gourmande » et, du même coup acceptent que cette compétition féminine quitte la trajectoire de progrès sur laquelle elle était.
Mais la secrétaire générale de la Fifa, Fatma Samoura, tient bon. Dimanche, dans un entretien à l’AFP, elle a déclaré à l’attention des chaînes françaises : « je ne vois pas un pays qui a organisé il y a quatre ans cette même Coupe du monde ne pas la diffuser» Elle affirme que les offres des chaînes n’étaient pas à la hauteur des attentes de la Fifa. « Nous avons un bon produit, le plus beau du sport féminin. Tout le monde parle d’égalité, de parité. Nous voudrions que ces paroles se transforment en actions. L’action la plus simple est de valoriser cette Coupe du monde à son juste prix, c’est tout ce que l’on demande. Les trois matches de la France sont programmés à midi en France en plein été, quand tout le monde sera en vacances. Il faut que les télés mettent un peu plus de moyens sur la table et acceptent de revenir à la table des négociations, avec des prix qui reflètent l’engouement pour le sport le plus populaire en Europe et en France » a-t-elle déclaré. Ceux qui parlent d’égalité la main sur le cœur ne doivent pas se dérober quand il faut mettre la main au portefeuille.
L’AFP précise que, contrairement aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil ou aux Pays-Bas, la situation est pour le moment bloquée en Allemagne, en Italie, en Espagne et en France concernant la diffusion du Mondial alors qu’un accord a été signé dans 155 pays.
Le jeu du chat et de la souris entre chaînes de télévision et instances de foot impactera fortement le développement du football chez les femmes puisqu’il est prévu que les revenus générés par les droits médias du Mondial seront réinvestis à 100% dans le développement du football féminin. La dernière Coupe du monde avait enclenché un cercle vertueux de médiatisation, amélioration du foot féminin. Est-ce déjà la fin ?
Ajout le 2 juin : une pétition initiée par Marinette Pichon (meilleure buteuse de l’histoire des Bleues) appelle les chaînes à acheter les droits et à diffuser les matchs.