Il se présente d’emblée comme « appartenant aux groupes dominants » : homme blanc, quadragénaire, socialement aisé. Mais le réalisateur belge Patric Jean veut tourner sa caméra dans un autre axe, « regarder les choses par en dessous ».
Quand il s’en prend à « l’illusion de l’égalité » hommes-femmes, cela donne La Domination Masculine, un documentaire souvent grinçant, parfois dramatique, qui pousse à s’interroger.
La Domination Masculine (en salle mercredi 25 novembre) est construit comme un patchwork ; Patric Jean analyse les ressorts de notre société, une société patriarcale où le machisme reste la norme, « une domination qui ne dit plus son nom ». Symbolique du pénis, de la bagnole, codes culturels du garçon actif et de la fille passive… et au-delà, Patric Jean questionne les violences faites aux femmes, et s’inquiète de l’émergence d’un mouvement « masculiniste », particulièrement implanté au Québec – et dont on voit des membres, dans le film, développer une rhétorique ahurissante. Des faits qui font dire à Patric Jean que l’égalité hommes-femmes est loin d’être acquise, même dans notre société occidentale, et elle est même menacée de recul, d’un ressac :
Patric Jean ne veut pas se poser en porte-drapeau du féminisme. Mais, en cinéaste engagé, revendique bien un film politique. Ce regard sur les rapports de domination, on le retrouve au fil de ses précédents documentaires : consacré au déterminisme de la misère (Les Enfants du Borinage), à la criminalisation de la pauvreté (La Raison du plus fort), à l’immigration (D’un Mur l’Autre).
En fait, le réalisateur se présente comme « pro-féministe », comme un homme élevé dans les codes du machisme et qui a dû, qui doit encore quotidiennement, se remettre en question. Et il déplore les connotations négatives qu’a pris le terme de féministe :
Assurément, La Domination Masculine ne fera pas l’unanimité. Sa construction en mosaïque fait parfois regretter que des aspects ne soient pas abordés à fond. Certains – et certaines – déplorent la trop grande place accordée aux « masculinistes ».
Mais Patric Jean le revendique : ce film porte son point de vue, comme une démonstration, voire une provocation. « Je veux que les spectateurs se disputent en sortant de la salle » , disait-il en tournant La Domination Masculine. Sans aller jusque là, il est certain qu’il fera discuter et réfléchir.
Et dans cette optique d’ailleurs, le site internet du documentaire est bien plus qu’un espace de promotion : il permet de pousser bien plus loin la réflexion, en développant des dossiers thématiques très riches et proposant aux enseignants un dossier pédagogique téléchargeable.
La Domination Masculine, de Patric Jean – sortie mercredi 25 novembre dans une cinquantaine de salles en France.