Interdite depuis 14 ans au Honduras, le recours à la pilule du lendemain est à nouveau possible pour les femmes honduriennes grâce à la présidente Xiomara Castro qui a signé ce 8 mars 2023 un accord levant l’interdiction de son utilisation.
Élue à la tête du Honduras le 27 janvier 2022, Xiamora Castro est la première femme à devenir présidente de ce pays conservateur. Dans son programme présidentiel, elle avait dédié un paragraphe entier et des propositions inhérentes à la cause des femmes : « Rien sur nous, sans nous ». Parmi les neuf mesures proposées, la troisième promettait notamment de faciliter la distribution, la vente et l’utilisation de la pilule du lendemain.
Le 8 mars dernier, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Xiamora Castro signait donc un accord exécutif de libre utilisation et commercialisation de la pilule du lendemain, respectant ainsi un de ses engagements de campagne et son engagement envers de nombreuses associations féministes du pays.
Alors que les femmes honduriennes n’ont pas toujours de facilité d‘accès à la contraception, l’utilisation de la pilule du lendemain avait été interdite en 2009 au Honduras sous prétexte que celle-ci provoquait des avortements. Sur son compte Twitter, la présidente précise donc bien que la pilule du lendemain n’est pas abortive. En effet, celle-ci évite simplement que le sperme ne féconde l’ovule donc s’il n’y a pas de fécondation, il n’y a pas d’avortement.
En matière d’avortement, le Honduras est connu pour être un des pays d’Amérique Latine les plus restrictifs. L’IVG est d’ailleurs interdite en toutes circonstances, y compris en cas de viol ou d’inceste et les femmes qui avortent sont passibles de plusieurs années de prison. Selon des chiffres de l’ONU, le Honduras figure parmi les pays d’Amérique Latine qui comptent le plus de grossesses chez les adolescentes. En 2019, on comptait déjà 29.000 jeunes filles âgées de 10 à 19 ans qui donnaient naissance à un enfant. Et la situation ne s’améliore pas d’année en année. La violence de genre est extrêmement présente au Honduras et de nombreuses jeunes filles et femmes sont violées et/ou tuées tous les jours et en cas de grossesse, elles n’ont aucun recours.
L’interdiction totale de l’IVG avait été inscrite en janvier 2021 dans la Constitution du Honduras tout comme l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe, rendant ainsi impossible toute modification future. L’arrivée de Xiamora Castro au pouvoir a tout de même apporté un peu d’espoir aux honduriennes. En effet, parmi ses propositions présidentielles, Xiamora Castro souhaitait également dépénaliser l’avortement dans trois cas : « en cas de viol, si la vie de la mère est en danger et en cas de malformation du foetus qui empêcherait l’enfant de vivre dignement ».
La levée d’interdiction de l’utilisation de la pilule du lendemain est déjà une première étape et un véritable soulagement pour de nombreuses femmes. Sur Twitter, de nombreux messages de remerciements affluent et ces femmes saluent généralement l’initiative et le respect de cet engagement pris envers toutes les femmes du pays.