La France a d’abord refusé la candidature de sa « championne » comme responsable pour les Nations Unies des négociations sur le climat. Avant de la soutenir… mais sans doute trop tard.
Laurence Tubiana pourra-t-elle devenir la « madame climat » de l’ONU ? Sa nomination reste très incertaine pour cause de perturbations au sommet de l’Etat. La costaricienne Christiana Figueres, à la tête depuis 2010 de l’UNFCCC, l’organe de l’ONU chargé de coordonner les négociations internationales sur le climat, quitte son poste le 6 juillet prochain. La française Laurence Tubiana, unanimement saluée pour avoir conduit les négociations de la Conférence de Paris (COP 21), apparaissait comme bien placée pour lui succéder. Problème : le gouvernement français n’a pas déposé sa candidature.
Le Monde et le Canard Enchaîné rapportaient le 1er avril que la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, ne souhaitait pas la voir occuper ce poste. Libération avançait une autre raison possible à ce blocage : deux Français occupent déjà des fonctions de même rang à l’ONU, ce qui ne jouait pas en faveur de la « championne du climat » française.
Pourtant, cette semaine, réchauffement de taille : lors d’une conférence de presse, mercredi 6 avril, Ségolène Royal a assuré Laurence Tubiana de son soutien. Seul problème, et de taille lui aussi : les dépôts de candidatures sont clos depuis le 28 mars. « Laurence Tubiana est venue me voir et elle m’a exprimé sa déception. Je vais voir dans quelle mesure nous pouvons encore présenter sa candidature alors que les délais sont dépassés. Je pense que c’est encore possible. Et si c’est le cas, je la soutiendrai », a déclaré Ségolène Royal.
« J’étais candidate, ce n’est pas un mystère, et je le suis toujours, virtuellement en tout cas »
Ce même 6 avril, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, sa présidente Elisabeth Guigou notait que Laurence Tubiana était « le nom qui s’imposait à tous » pour succéder à Christiana Figueres. Et soulignait qu’elle « regrette personnellement vivement » que la France n’ait pas soutenu sa candidature.
« J’étais candidate, ce n’est pas un mystère, et je le suis toujours, virtuellement en tout cas », a commenté de son côté Laurence Tubiana devant la commission. Quoi qu’il arrive ,a -t-elle conclu, « je ne vais pas m’arrêter dans l’action sur le climat, c’est ma vie ».
En attendant, le processus de ratification de l’Accord de Paris obtenu en décembre s’ouvrira le 22 avril, aux Nations Unies à New York, pour une durée d’un an. L’accord entrera en vigueur après que 55 pays qui représentent au moins 55% des émissions mondiales auront déposé leurs instruments de ratification. La France a inscrit le projet de loi de ratification à l’ordre du jour à l’Assemblée nationale le 17 mai.