Après de vives protestations féministes, le Pr Emile Daraï, visé par plusieurs plaintes pour viol, a annulé sa venue au congrès CNGOF… qui le défendait.
Lundi 9 mai, dans un communiqué, le collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques (StopVOG) appelait à une mobilisation contre le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) qui organise un colloque sur la santé des femmes, Porte de Versailles à Paris, les 11 et 12 mai. Et plusieurs collectifs féministes répondaient à l’appel.
Il s’agissait de dénoncer un « colloque de la honte ». Le Pr Emile Daraï devait intervenir mercredi. L’homme est accusé de viols sur des patientes. « Il est scandaleux qu’il soit intervenant et donc mis en avant » dénonçait StopVOG, affirmant avoir recueilli « 190 témoignages de violences gynécologiques » contre lui.
Face à la mobilisation des féministes le CNGOF a fait savoir ce mardi, en début d’après-midi : « En accord avec le bureau du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), pour préserver le plus grand congrès annuel français consacré à la santé des femmes, le Pr Emile Daraï a décidé d’annuler sa participation à Pari(s) Santé Femme (PSF). »
Réaction poussive
Mais la réaction a été très poussive. Et, globalement, l’organisation des gynécologues, qui se réunit pour penser la santé des femmes, se montre peu empressée à se pencher sur la question des violences gynécologiques.
Avant cette annonce, le CNGOF avait réagi par la négative en invoquant la présomption d’innocence. Il se disait « conscient de l’émoi suscité », mais tenait à rappeler que « le Pr E. Daraï n’a pas, à ce jour, été condamné par la justice française et que la présomption d’innocence est un principe fort de notre pays ». Il précisait que le gynécologue est autorisé à travailler et est aussi toujours invité dans des congrès internationaux.
Chef du centre endométriose à l’hôpital Tenon à Paris, le Pr Deraï avait été démis de ses fonctions après une enquête interne des Hôpitaux de Paris (AP-HP) en décembre dernier. Une information judiciaire à son encontre, pour « violences par personne chargée d’une mission de service public » a été ouverte en janvier, mais il continue d’exercer dans cet établissement. Ses consultations gynécologiques et opérations n’ont pas été suspendues pendant le temps de l’instruction.
StopVOG indique aussi que l’intervention du Pr Daraï au colloque avait été déprogrammée dans un premier temps, après la révélation des accusations qui le visent, lorsque le colloque devait se tenir en janvier avant d’être repoussé pour cause de Covid. Pourquoi est-il revenu ? Mystère.
Le collectif « féministes contre le cyberharcèlement » appelle le CNGOF a lutter contre la culture du viol. Et Osez le féminisme! écrit sur Twitter : « Victoire féministe suite à la mobilisation initiée par @StopVOGfr. Mais @leCNGOF n’offre ni excuse, ni explications, ni regrets #CultureDuViol«