Alors qu’un nouveau rapport montre que le sexisme fait davantage de victimes, médias et gouvernants s’appliquent à l’ignorer, à regarder ailleurs… et à mettre en accusation les féministes.
« Est-ce que vous ne vous dites pas qu’il y a une responsabilité des féministes ? pourquoi ce que vous dites n’impacte pas ? » La réponse est dans la question posée par Léa Salamé ce lundi 23 janvier sur France Inter, alors que le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a réservé l’exclusivité de la présentation de son cinquième rapport sur l’état – alarmant ! -du sexisme en France à la radio de service public. Comment le discours des féministes peut-il impacter si les médias dénigrent les messagères ?
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes et Sylvie Pierre-Brossolette, Présidente du HCE, font observer que les associations féministes alertent, produisent des chiffres, des analyses, des recommandations, protègent les victimes du sexisme, interpellent les gouvernements… mais la journaliste préfère faire diversion en s’attaquant à la cible préférée des antiféministes à l’aide d’une question d’un certain Sébastien : « Avec des gens comme Sandrine Rousseau qui caricaturent les relations hommes-femmes il ne faut pas s’étonner que le sexisme ait de beaux jours devant lui » et, précise avec gourmandise Léa Salamé, il y a plein de questions comme celle-là. Bingo ! Rendre les féministes coupables du sexisme est le sport favori des anti-féministes qui dominent le discours médiatique de leurs inversions de culpabilité.
Que ne demande-t-elle pourquoi les responsables politiques ne prennent pas en compte tous ces rapports ? Pourquoi le Grenelle des violences conjugales a accouché d’une souris ? Pourquoi l’éducation nationale ne fait pas un travail d’éducation à l’égalité ? Pourquoi la police classe sans suite tant d’affaires de violences ? Pourquoi le nombre de féminicides ne baisse pas ? Pourquoi la situation s’est détériorée alors que dès le premier quinquennat d’Emmanuel Macron l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les violences sexistes étaient grandes causes nationales ?… Le standard de France Inter avait certainement bien des questions de ce type de la part de ses auditeurs et auditrices.
Un rapport pour caler les armoires de l’Elysée ?
Et les responsables politiques, que font-ils ? La rédaction des Nouvelles News demandé au HCE de pouvoir assister à la remise du rapport au président de la République mercredi prochain, avec l’espoir de l’entendre annoncer des mesures fortes… Las ! la cérémonie n’est pas ouverte à la presse. Comme si le sujet n’était pas assez important pour que les journaux informent les citoyen.nes, comme si ce nouveau rapport était encore destiné à caler les armoires de l’Elysée…
Un rapport de plus pour dénoncer le sexisme, l’expliquer, faire des recommandations. Beaucoup d’énergie pour continuer de semer les graines de la lutte contre le sexisme et les violences machistes (voir ci-dessous) en espérant que tout ne sera pas balayé par de trop puissants vents d’ignorance.
Que dit ce cinquième rapport du HCE ? « La situation est alarmante » notamment chez les jeunes générations, le sexisme progresse et « certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent avec de jeunes hommes, pétris de « réflexes masculinistes ». Le HCE, met en cause l’industrie du porno et l’absence de régulation par les pouvoirs publics. La faiblesse, voire l’inexistence de l’éducation à l’égalité n’arrange rien.
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Le sexisme est solidement ancré dans les têtes. Le baromètre réalisé par l’institut Viavoice auprès de 2500 personnes représentatives de la société française montre que presque tout le monde reconnaît le sexisme : 93% des Français.es estiment effectivement que « les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins une des sphères de la société ». Mais, « parmi les hommes de 25 à 34 ans, près d’un quart estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter, et tous âges confondus, 40% trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants. En ce qui concerne les femmes, 80% estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 37% disent avoir déjà subi des rapports sexuels non-consentis. » 15% des femmes interrogées ont déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire, et le taux grimpe à 20% pour les 50-64 ans, soit une femme sur cinq…
La parole se libère depuis l’émergence de #MeToo en 2017, les enregistrements pour violences conjugales par les forces de l’ordre ont doublé depuis 2016, mais le nombre de féminicides conjugaux ne baisse pas. Il y en a eu 20% de plus en 2021 par rapport à l’année précédente.
Les inégalités professionnelles et les stéréotypes dans les médias perdurent….
Le HCE donne une liste de mesures à prendre d’urgence, mesures inlassablement répétées avec un accent particulier sur un appel à la régulation du porno pour arrêter de faire des dégâts dans les têtes des plus jeunes.
Le rapport du HCE répète beaucoup de choses que les associations féministes (qui, pour beaucoup sont membres de cette institution) ont déjà dites, des choses que les précédents rapports disaient déjà… La persistance du sexisme n’est pas imputable aux féministes mais à ceux qui ne veulent pas les écouter.
Le HCE sort une video : “Le sexisme on ne sait pas toujours quand ça commence mais on sait comment ça se termine”, qui illustre le continuum des violences, du sexisme ordinaire au féminicide. www.onsaitcommentcasetermine.fr
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