Le Mouvement du Nid lance un nouvel outil de prévention numérique à destination des collégien.ne.s et lycéen.ne.s. Alors que le risque prostitutionnel chez les mineur.es est démultiplié avec les réseaux sociaux.

À l’occasion la journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre, le collectif Le Mouvement du Nid dévoile un nouvel outil de prévention pour combattre le risque prostitutionnel chez les mineur.es : « Y a quoi dans ma banane ? ». Cette boîte à outil dématérialisée contient «tout ce qu’il faut pour dire STOP À LA VIOLENCE» : différents procédés de sensibilisation aux violences sexuelles et à la prostitution. Ainsi, on y retrouve des témoignages de jeunes rescapé.es de la prostitution, un fascicule permettant de se projeter dans une vie affective et sexuelle positive, une bande dessinée, plusieurs jeux et quizz conçus pour aider à repérer les méthodes de recrutement des proxénètes, ainsi que tous les numéros nationaux et des associations spécialisées.
En cliquant sur le téléphone portable de la bananne, une conversation par SMS simulée avec un faux petit copain abusif, se termine par plusieurs rappels à la loi : interdiction de diffuser les images intimes d’un.e partenaire sexuel, ou de proposer à des actes sexuels en échange d’un service financier.
La banane veut donner aux collégien.nes et aux lycéen.nes tous les outils pour qu’ils et elles puissent être capables d’identifier les situations de violence et d’emprise. La prévention est au cœur de ce projet et s’inscrit dans la lutte menée par Le Mouvement du Nid pour décoloniser les imaginaires dès le plus jeune âge. Le risque prostitutionnel se situe désormais en moyenne à 13 ans.
La banane donne aussi les numéros de prévention comme le 119 dédié aux enfants maltraités, ou encore le 3018 destiné aux victimes de cyberharcèlement.
Pourquoi une banane ? « C’est le marqueur d’une génération, déclare Anne-Marie Jelinek de l’agence Bergamote qui a imaginé la forme que prendrait cet outil de prévention, avant d’ajouter : On voulait un objet qui porte en lui une certaine connivence avec le public visé. La banane est sur le corps, près du cœur, comme une prolongation d’eux-mêmes ». Cet outil a été pensé pour s’adapter aux besoins et aux préoccupations des jeunes. « On est ici dans une démarche d’éducation populaire. Aujourd’hui, on sait que les trois séances d’éducation à la sexualité obligatoires par an ne sont pas toujours respectées. Alors même que les jeunes en sont très demandeurs » explique Stéphanie Caradec, directrice du Mouvement du Nid. Pour concevoir cette banane, le collectif a travaillé à partir de l’expérience de terrain de ses professionnel.les qui interviennent régulièrement dans les établissements scolaires. Chaque année, plus de 20 000 jeunes participent à leurs ateliers sur l’ensemble du territoire. Le Mouvement du Nid déplore néanmoins ne pas pouvoir faire plus, faute de moyens humains. Ainsi, avec ce nouvel outil numérique, le but est de toucher davantage de collégien.ne.s et de lycéen.ne.s. L’enjeu est grand puisqu’en France, même si aucune étude officielle n’a été consacrée à la quantification du phénomène, entre 6000 à 10 000 mineurs se prostitueraient et la plupart des personnes prostituées qui témoignent déclarent avoir débuté bien avant 18 ans.
Le lancement de ce nouvel outil est aussi l’occasion pour Le Mouvement du Nid de rappeler que l’expression « travail du sexe » véhicule une image erronée du système prostitutionnel. « Les médias utilisent de plus en plus cette appellation en pensant qu’elle est moins stigmatisante. Mais la prostitution n’est pas un travail, ça relève de la traite d’être humain, dénonce Claire Quidet, présidente du Mouvement du Nid, avant de conclure : il y a un cadre législatif qui est là, pourtant l’inertie des politiques est totale… ».