Selon le baromètre #StOpE, en dépit d’une meilleure sensibilisation à la lutte contre le sexisme ordinaire, la « gender fatigue » l’emporte sur la conscientisation des hommes.
« On ne peut plus rien dire » grommellent régulièrement des hommes exaspérés par des demandes de respect… Dans les faits, ils en disent toujours autant. Blagues sexistes, commentaires insidieux, remarques sur le physique des femmes, habitude de couper la parole aux femmes en réunion, décisions biaisées par les stéréotypes… Ce lot de microagressions appelé sexisme ordinaire reste « inchangé depuis deux ans et partagé par toutes les générations » en entreprise.
Depuis la première édition du baromètre du collectif #StOpE (stop au sexisme ordinaire en entreprise) en 2021, ce fléau, qui fait le terreau des inégalités professionnelles, ne mollit pas. L’édition 2023 (coordonnée par l’Association française des managers de la diversité, AFMD, et administrée par BVA) montre que huit femmes sur dix estiment que les attitudes et décisions sexistes sont « régulières au travail ». Les hommes sont bien moins nombreux à s’en rendre compte. Ils ne sont que 57% à le voir, autant qu’en 2021, malgré les efforts réalisés par nombre d’entreprises pour y remédier. Les 90 000 personnes qui ont répondu à l’enquête de perception sont réparties dans 15 organisations participant à StOpE. Un collectif qui compte désormais 200 organisations – beaucoup d’entreprises du CAC40 – employant plus d’un million de salariés.
Et la situation ne s’arrange pas pour les jeunes : « les femmes de moins 35 ans font autant face au sexisme ordinaire que leurs aînées, voire y sont parfois plus souvent confrontées dans certaines situations. Par exemple, elles sont plus nombreuses à mettre en place des stratégies d’évitement (6 femmes sur 10). Ces situations de sexisme ordinaire sont également partagées par les femmes avec moins de cinq ans d’ancienneté dans l’organisation. »
Autre effet délétère du sexisme ordinaire : une femme manager sur deux déclare avoir été confrontée à des attentes de qualités et comportements managériaux spécifiques du fait de son genre. Ce qui peut les conduire à une impasse : adopter des comportements dits féminins voire maternants s’avère contreproductif lorsqu’il faut, par exemple, imposer son autorité.
Mais, note le rapport, il est question d’« un sentiment de gender fatigue dans les organisations.» La complainte de ceux qui disent qu’ils ne peuvent plus rien dire devient assourdissante. « Près de 7 femmes sur 10 et 6 hommes sur 10 ont déjà entendu ce type récriminations et ces chiffres sont en légère hausse par rapport à 2021. »
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Manifestement les hommes et les « gender fatigués » sont peu enclins à en appeler à l’État ou aux entreprises pour faire reculer les inégalités professionnelles et le sexisme. « 53% des femmes et 32% des hommes considèrent que les entreprises ne s’impliquent pas suffisamment. 60% des femmes et 39% des hommes considèrent l’action de l’État insuffisante. » Et les dispositifs légaux restent mal connus : les 2/3 des femmes ignorent encore l’existence du ou de la référent·e Harcèlement sexuel et Agissements sexistes.
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