Parité, sororité, cadreurs recadrés, femmes maires aux commandes... Retour sur des Jeux Olympiques festifs. Petit florilège de signaux positifs… et quelques atavismes.
Si bien des études montrent que les financements du sport, la médiatisation des athlètes ou l’occupation des terrains et stades bénéficient infiniment plus aux hommes qu’aux femmes, les Jeux Olympiques 2024 ont envoyé des messages positifs pour l’égalité. En voici quelques-uns… et quelques atavismes sexistes.
Le sport recadré
Parité… L’organisation des JO annonçait autant de femmes que d’hommes dans les compétitions, et la promesse a été tenue même si, dans les coulisses, beaucoup plus d’hommes que de femmes s’activaient (lire : Match nul pour les JO et la parité).
Sororité. Dès la cérémonie d’ouverture, qui se voulait inclusive, le 26 juillet, un tableau a été consacré à « la sororité » et a fait sortir de la Seine dix statues dorées de femmes qui ont fait l’Histoire de France : Paulette Nardal, Olympe de Gouges, Alice Milliat, Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir, Jeanne Barret, Louise Michel, Christine de Pizan, Alice Guy et Simone Veil. Et ces statues pourraient être installées dans les rues de la Paris. Des rues dont les noms sont encore très majoritairement des noms d’hommes…
Cadreurs recadrés. Aux premiers jours de la compétition, le diffuseur officiel des Jeux de Paris 2024, l’Olympic Broadcasting Services, a demandé à ses cadreurs de filmer les athlètes femmes et hommes de la même manière. « Dans certains sports, [les femmes] sont toujours filmées d’une manière que l’on peut qualifier de stéréotypée et sexiste », a déploré Yiannis Exarchos, le patron de l’Olympic Broadcasting Services cité par Le Parisien. « Les femmes athlètes ne sont pas là parce qu’elles sont plus attirantes ou plus sexy ou quoi que ce soit d’autre. Elles sont là parce qu’elles sont des athlètes d’élite » a-t-il rappelé en conférence de presse.
Des shorts à la place des bikinis. Les deux joueuses françaises de beach-volley, Alexia Richard et Lézana Placette, ont joué en short au pied de la Tour Eiffel. Contrairement à leurs adversaires qui portaient le traditionnel bikini… « On a envie d’éduquer le public, qu’il ne se dise pas “ah tiens, ce sont deux nanas en bikini, on va venir les voir jouer pour voir leurs fesses.” Non, ce sont deux nanas qui peuvent mettre des shorts et qui font de belles choses sportivement, et c’est là-dessus qu’il faut se concentrer » a déclaré Lézana Placette à L’Équipe. La tenue vestimentaire est toujours un combat pour les sportives (lire :Du bikini au « short court et serré » pour les beach handballeuses)
Stéréotypes
Médiatisation… encore un effort ! Si les médias français ont donné la priorité aux équipes nationales, ils ont suivi les femmes autant que les hommes… à quelques bémols près. L’Equipe a fait une Une très déséquilibrée avant les finales de basket qui opposaient les équipes de France à celles des Etats-Unis tant chez les hommes que chez les femmes. Les visages graves de deux hommes sont en premier plan tandis que l’équipe féminine est représentée par trois joueuses qui rient, au second plan…
L’Association Française des Femmes Journalistes de Sport (FJS) et de l’Union des Journalistes de Sport en France (UJSF) ont vivement réagi à des commentaires tenus sur RMC lors d’un match de tennis. Un commentateur a ainsi présenté une joueuse : « À gauche, il y a Sara Errani qui est la patronne, elle fait tout : la vaisselle, la cuisine, la serpillière… »
Dans leur communiqué, les associations écrivent : « Nous rappelons que les propos sexistes et misogynes n’ont pas leur place dans une compétition internationale. » Elles saluent également « la décision des responsables d’Eurosport au Royaume-Uni qui ont suspendu un commentateur après des propos sexistes ». Le journaliste britannique Bob Ballard avait en effet déclaré : « Eh bien, les femmes finissent de se maquiller. Vous savez comment sont les femmes… Elles traînent, elles se maquillent. » Viré !
Soumissions. Nouveaux bémols ensuite lors de la cérémonie de clôture. Deux femmes font des apparitions qui écornent l’enthousiasme féministe. « Ces femmes, la danseuse et l’athlète, sont les deux faces de la même soumission séculaire à la loi des mâles » explique l’écrivaine Isabelle Alonso, sur son blog. Une danseuse très déshabillée se trémousse derrière un chanteur et une athlète se voile pour recevoir sa médaille… Pourquoi ?
Une maire passe le drapeau à une autre maire ! Heureusement, lors cette même cérémonie de clôture, une autre image montre des femmes de pouvoir : la maire de Paris, Anne Hidalgo a passé le drapeau olympique à Karen Bass, la maire de Los Angeles, prochaine ville hôte des Jeux en 2028. Deux femmes maires de grandes villes dans le monde, c’est inédit. Au cœur d’un événement mondial ça l’est encore plus.