L’Indice d’Egalité des sexes européen constate de petites avancées. Grâce à l’externalisation d’une partie du travail domestique, Grâce aux quotas. Mais la ségrégation professionnelle perdure et ce n’est pas bon pour la transition verte.
L’escargot européen de l’égalité a avancé un peu plus vite qu’avant ! Depuis dix ans l’Institut Européen pour l’Égalité de Genre (EIGE) dévoile, au mois d’octobre, son Gender Equality Index, Indice d’Égalité de Genre, Et, chaque année il déplore que l’Union européenne progresse vers l’égalité « à la vitesse d’un escargot »
Mais – roulement de tambour !- « cette année, nous constatons la plus forte augmentation annuelle du score global dans l’histoire de l’index : l’UE se situe à 70,2 points sur 100 ! » s’exclame l’EIGE dans son rapport. Soit 1,6 de plus que l’an dernier… Cependant, derrière les chiffres, « le tableau est nuancé », « les progrès sont fragiles. »
Progrès dans les pays les plus en retard
« Aujourd’hui, seule la Suède, avec un score supérieur à 80 points dans l’index, se rapproche de l’égalité entre les femmes et les hommes. La Suède ne représente que 2 % de la population de l’UE. Il y aura toujours une excuse pour reléguer au second plan le travail sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous ne pouvons pas laisser faire cela. Nous devons agir maintenant. Ensemble, à tous les niveaux. Et nous devons célébrer les victoires. Quelle qu’en soit l’ampleur. C’est ce qui nous fera avancer #3StepsForward. » déclare Carlien Scheele, directrice de l’EIGE, qui considère cependant que l’indice 70.2 ne laisse « pas de place pour l’autosatisfaction.»
Depuis 10 ans ce sont toujours les mêmes pays qui arrivent en tête de l’index comme la Suède, les Pays-Bas ou le Danemark. D’autres voient leur progression se stabiliser ou reculer légèrement comme la Finlande ou la France qui doit toujours son bon score (75,7 %) à la loi Copé-Zimmermann obligeant les entreprises à respecter des quotas de femmes dans leurs conseils d’administration.
Si les progrès sont faibles en haut du tableau, la situation s’est améliorée en bas, ce qui explique le progrès global dans l’UE. Des pays comme l’Italie, le Portugal, le Luxembourg et Malte, qui ont toujours un score inférieur à la moyenne de l’UE, « ont fait d’énormes progrès en matière d’égalité entre les femmes et les hommes au cours des dix dernières années. Ainsi, lorsque les pays mettent en place des mesures, le rythme des progrès s’accélère » constate l’EIGE.
Externalisation du travail familial
Mais l’optimisme est de courte durée. Quand l’EIGE regarde comment les écarts se sont resserrés, il observe d’abord que le travail de soin aux autres non rémunéré est encore très inégal entre les femmes et les hommes
Et, si cet écart se réduit, « ce n’est pas parce que les hommes assument une plus grande part des soins mais parce que les femmes en font moins. Les technologies d’assistance, les services de livraison à domicile ou l’augmentation de l’emploi des femmes pourraient avoir contribué à ce changement. » Autrement dit, plus d’un demi-siècle après « Moulinex libère les femmes », c’est Uber et consorts qui prennent le relais. Pas les conjoints. Par exemple, 63 % des Européennes déclarent préparer les repas tous les jours à la maison contre 36 % seulement des Européens. C’est en externalisant une partie du travail familial et domestique que l’écart entre hommes et femmes se réduit. Il y a 7 ans par exemple 80 % des Françaises déclaraient faire le ménage ou la cuisine tous les jours. Elles sont 68 % aujourd’hui… Le rapport reprend Claudia Goldin, professeure d’économie et lauréate du prix Nobel en 2023 : « nous ne parviendrons jamais à l’égalité des sexes tant que nous n’aurons pas aussi l’égalité des couples ».
Quotas
Autre progrès, dû, cette fois-ci à des lois contraignantes : pour la première fois en dix ans, le nombre de femmes dans les parlements et dans les conseils d’administration se situe à 33 %. Les quotas imposés par la loi dans huit États membres de l’UE ont permis de briser le plafond de verre dans les entreprises. Et cette progression devrait se poursuivre. Une directive européenne relative à l’équilibre entre les hommes et les femmes au sein des conseils d’administration des sociétés, approuvée l’année dernière devrait étendre l’obligation à tous les pays de l’UE.
« Maintenant, nous avons besoin d’une action plus ciblée dans les parlements pour accélérer les progrès dans la sphère politique – en particulier avec les élections parlementaires européennes de 2024. » dit l’EIGE.
Ségrégation professionnelle
Mais, gros point noir : « la ségrégation entre les sexes sur le marché du travail n’a pas bougé d’un pouce ». Elle reste aussi forte aujourd’hui qu’il y a dix ans.
Si quelques femmes parviennent, à se faire une place dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM), les hommes eux, ne vont pas davantage dans les professions de l’éducation, de la santé et du bien-être (EHW).
Et c’est dommageable, non seulement pour l’égalité des sexes mais aussi pour la transition verte. Cette transition ne demande pas seulement des compétences techniques. Elle nécessite de créer beaucoup d’emplois dans le secteur des soins où il y a une pénurie de personnel.
L’égalité, ce n’est pas seulement pousser les femmes vers les métiers préemptés par les hommes, c’est aussi attirer les hommes vers les métiers habituellement assignés aux femmes.
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