Non content d’accorder l’honneur de sa Une à un joueur mis en cause pour violences conjugales, le quotidien sportif en rigole avec un jeu de mots catastrophique.
« OM-Greenwood, l’amour sans condition », c’est le titre qu’a choisi l’Equipe pour sa une de ce mardi 27 août consacrée à un homme qui a été inquiété pour des faits de violences physiques et sexuelles. Le footballeur anglais Mason Greenwood affiche une tête de vainqueur… et le texte placé sous le titre minimise encore. Il parle de l’attaquant « qui a séduit son nouveau club. Quitte à faire oublier une affaire qui continue de ternir sa réputation chez lui à Manchester ».
Le point de vue du quotidien sportif, qui n’a manifestement toujours pas perçu la gravité de la violence conjugale, se limite à déplorer ses effets sur la réputation des hommes violents. Et ce journal s’emploie vaillamment à faire d’un homme violent un héros. Tout comme son nouveau club de foot l’Olympique de Marseille (OM) qui vient de le recruter à prix d’or.
Des violences conjugales…
C’est pourtant une histoire de violences conjugale comme il en existe beaucoup que racontent les journaux. Le footballeur anglais, Mason Greenwood, a été accusé de violences physiques et sexuelles par sa compagne en janvier 2022. Harriet Robson avait publié des photos sur instagram montrant les traces de coups de son compagnon. Greenwood a alors été arrêté par les autorités et placé sous contrôle judiciaire. Puis il a été arrêté une nouvelle fois quelques mois plus tard pour avoir voulu entrer en contact avec la plaignante. Mais, environ un an après les faits, elle a retiré sa plainte. Les poursuites contre Mason Greenwood se sont arrêtées. Puis le couple s’est reformé et a annoncé la naissance d’un enfant en juillet 2023.
… sans conséquence en France
De l’autre côté de la Manche, Greenwood a été écarté de son club, Manchester United, pendant plus d’un an, et ses sponsors l’ont lâché. Son club anglais a ensuite envisagé de le réintégrer mais il y a renoncé face à de nombreuses oppositions, notamment de la part de la section féminine.
En France, après quelques offres de clubs, le joueur a fini par rejoindre l’OM malgré de nombreuses opposition, y compris du maire de Marseille, Benoît Payan.
Honte !
Sur les réseaux sociaux, les réactions à cette Une de l’Equipe ont fusé. Et pas seulement dans les rangs des féministes. Beaucoup de fidèles disent se désabonner sur le champ. « La une de la honte, l’Equipe fait scandale» titre par exemple le site Sport.fr. La presse anglaise se montre choquée par le choix éditorial de son confrère et par l’accueil réservé par la France à celui que les clubs britanniques ont renié.
« Il est parfois des jeux de mots dont on se passerait…. mais dans le sport, ça semble faire vendre… » s’indigne, sur X, Béatrice Barbusse, Présidente de fédération de sport et autrice de plusieurs ouvrages sur les inégalités femmes hommes dans le sport.
Sur X, l’élue de Paris Raphaëlle Remy-Leleu s’indigne et invite chacun.e à mettre la pression sur l’Equipe : « Je suis sidérée d’une telle Une. L’OM recrute un homme violent, l’Equipe le glorifie en riant de ses victimes. Ecrivez à la rédaction : courrierdeslecteurs@lequipe.fr Et le groupe : @AmauryMedia On ne survit pas aux violences conjugales pour se voir imposer un tel mépris. »
Culture du viol
Faire passer, par des messages plus ou moins subliminaux, les violences machistes pour de l’amour est une violence supplémentaire pour les victimes. Ce phénomène appelé depuis quelques années « culture du viol » avait tendance à baisser depuis que, via les réseaux sociaux, les féministes parvenaient à interpeller les journaux (lire : #LesMotsTuent : 350 articles épinglés et un début de questionnement dans les médias) Mais rien n’est jamais acquis…
Sur X une personne fait aussi remarquer que So foot n’a pas été en reste. Son community manager n’a rien trouvé de mieux, que d’écrire, pour présenter un article intitulé « l’OM souffle sur brest » : « Mason Greenwood a frappé fort d’entrée, comme à son habitude. »
Ajout le 29 août : L’Equipe a fait son mea culpa ICI
Dans nos archives, plusieurs articles pointent l’héroïsation d’hommes violents envers les femmes par l’Equipe et par le milieu du sport :
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