
Un mois avant la Coupe du Monde, les footballeuses ont fait la une du quotidien sportif de référence; TF1 et Canal + se sont engagées à diffuser les matchs; les journaux d’information générale suivent la compétition. C’est historique.
Vendredi 3 mai 2019, le journal l’Equipe, quotidien sportif de référence, si souvent critiqué pour son sexisme, a consacré sa Une aux 23 Bleues sélectionnées pour la Coupe du monde de Foot qui se tiendra en France du 7 juin au 7 juillet. La veille, Corinne Diacre, la sélectionneuse de l’équipe de France, était sur le plateau du 20h de TF1 pour présenter ses joueuses. Une première pour elle et pour l’équipe de France. Jusqu’ici, les sélections pour la Coupe du Monde étaient annoncées sur un coin de table dans l’anonymat. Cette fois-ci, tous les journaux d’information générale en ont parlé.

Mieux : un mois avant, alors que l’équipe de France disputait son dernier match avant la Coupe du Monde, tous les journaux avaient annoncé la victoire des Bleues, 4-0 face aux Danoises vice-championnes d’Europe mais non qualifiées pour le Mondial.
Ce n’était qu’un début. Mardi 7 mai, TF1 conviait, dans ses locaux, le gratin du foot et la presse sportive pour annoncer un dispositif inédit. La chaîne TF1 va diffuser 25 matches en clair, dont ceux des Bleues sur la Une et la finale à Lyon. Les autres matches seront visibles sur une autre chaine du groupe, TMC. TF1 proposera un magazine d’après-match présenté par Denis Brogniart, (comme pour le Mondial hommes), avec Nathalie Iannetta. Une quotidienne de Téléfoot sera même diffusée sur internet et sur la chaîne TFX. Des vedettes du ballon rond ont été prévues pour assurer les commentaires : le duo-stars de TF1 Margotton-Lizarazu avec l’ex-Bleue Camille Abily en bord de terrain. Et dans la deuxième équipe de commentateurs l’ancienne du PSG Sabrina Delannoy rejoindra Christian Jeanpierre.
Forte ambition de médiatisation aussi sur la chaîne Canal+ : diffusion en crypté de l’intégralité de la compétition avec 27 matches sur sa chaîne principale et 25 sur Canal+ Sport, des commentateurs et commentatrices prestigieux, un « Late football club » vers 20 heures pour reprendre les événements de la journée.
Même la radio RMC va diffuser tous les matches des Bleues en direct, ainsi que la finale et les demi-finales.
Et ce n’est pas tout : la jeune chanteuse d’origine toulousaine Jain, connue pour ses tubes, comme Makeba, Alright, ou encore Come, a été choisie pour assurer la cérémonie d’ouverture de la compétition au Parc des Princes. L’artiste interprétera le titre retenu comme hymne de la compétition : Gloria.
Changer d’étalon ?
Et quand il y a médiatisation, le public est au rendez-vous. Lors de la conférence à TF1, Brigitte Henriques, vice présidente de la Fédération française de football annonçait que 765.000 places avaient été vendues un mois avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde. C’est énorme ! Énorme parce que l’épreuve concerne des femmes et que pendant très longtemps, le spectacle sportif de femmes a été ignoré des médias. Et deux cercles vicieux tournaient à plein régime. Le premier : pas de modèles dans les médias donc pas d’envie chez les filles de pratiquer des sports présentés comme réservés aux hommes. Le second : pas de médiatisation donc pas de sponsors, pas d’argent, pas de compétitions de haut niveau donc pas de médiatisation. Mais il semblerait que les cercles vicieux se transforment en cercles vertueux. Les combats des militantes de la mixité dans le sport n’auront pas été vains.
Bien sûr c’est encore loin d’être gagné pour arriver à une médiatisation des sportives égale à celle des sportifs mais c’est un grand premier pas. Longtemps les études sur la place des femmes dans les médias montraient que les rubriques sport étaient les pires avec moins de 10 % de femmes. On part de très loin. Et nombre de commentaires sous les articles consacrés à cette Coupe du Monde disent que la route est encore très longue pour faire de la place aux femmes dans le spectacle sportif. Mais aussi pour en finir avec l’idée que l’homme reste l’étalon en matière de sport. Mélissa Plaza ancienne footballeuse professionnelle, veut qu’on arrête de parler de « foot Féminin » et donc de considérer que ce serait une sous-discipline. Elle l’explique ici. https://www.facebook.com/brutofficiel/videos/1408583192614139/?t=4 .
Vaste ambition