
Médaille de chevalier des Arts et des Lettres, par Robert Prummel sur Wikipedia néerlandais, CC BY-SA 3.0.
Tanxxx, Aurélie Neyret, Julie Maroh et Chloé Cruchaudet rejettent leur promotion au rang de chevalier des Arts et Lettres. Elles dénoncent un coup de communication de Fleur Pellerin.
Un volume de plus pour la série « sexisme à Angoulême ». Après la polémique à rebondissements autour de l’absence de créatrices dans la liste du Grand Prix du Festival de la Bande dessinée, elles sont quatre à pousser un nouvau coup de gueule. Cette fois contre leur promotion au rang de chevalier des Arts et des Lettres, annoncée par la ministre de la Culture Fleur Pellerin le 28 janvier, en plein Festival.
Quatre autrices – Tanxxx, Aurélie Neyret, Julie Maroh et Chloé Chruchaudet – refusent ouvertement cette promotion. Toutes déplorent d’abord le fait de n’avoir pas été informées au préalable. Et dénoncent ensuite une récupération. Une démarche saluée ailleurs dans le milieu de la bande dessinée.
https://twitter.com/ed_cornelius/status/694465647972057088
Pour Aurélie Neyret, « la surprise et l’incompréhension laissent vite place au sentiment d’être utilisée pour faire un coup de communication. En effet, cette promotion groupée se veut une réponse à la polémique sur les femmes dans la BD, ce n’est rien d’autre que ça. Les auteures dans cette liste sont toutes signataires de la Charte contre le sexisme, Riad Sattouf et Christophe Blain ont été parmi ceux qui se sont retirés de la liste originale des sélectionnés au Grand Prix qui ne comportait aucune femme. » Julie Maroh relève d’ailleurs ce tweet de la ministre qui lie en effet cette nomination à la polémique, avec le mot-dièse #womendobd.
A l'occasion du #FIBD2016 d'Angoulême, j'ai attribué les Arts et Lettres à des auteur(e)s talentueux(ses) #womendobd https://t.co/NZ5MEgJp8X
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) January 29, 2016
Première à avoir réagi, dans un post de blog au vitriol, Tanxxx (allergique aux décorations en général) s’indigne en outre que, dans son communiqué, le ministère ait révélé son vrai nom, sans son accord : « Sans doute était-ce pour bien insister sur le fait que je suis une femme que le ministère a dévoilé ainsi mon patronyme, se torchant totalement avec mon droit au pseudonymat alors que je bataille depuis un bail pour ne plus avoir ce genre de problème. Ah, y’a pas à tortiller, le ministère est vraiment plein de respect pour les artistes. »
« Les auteurs et les autrices de bande dessinée ne veulent pas de médaille en chocolat de la part du gouvernement, nous voulons du dialogue et des mesures concrètes », insiste Julie Maroh. En rappelant, comme Julie Neyret, l’étude des Etats généraux de la BD dévoilée à Angoulême, et selon laquelle 50% des femmes dans la BD (et 32% des hommes) vivaient sous le seuil de pauvreté en 2014.
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