Le député d’extrême-droite Jacques Bompard n’a pas défendu ses amendements stigmatisants. Il souhaitait par exemple que le médecin fasse « prendre conscience à la mère de la réalité de ce qu’elle porte en lui faisant écouter le cœur de l’enfant ».
L’Assemblée nationale a voté en première lecture, mercredi 8 avril, la suppression du délai de réflexion de sept jours entre deux consultations médicales imposé aux femmes souhaitant une interruption volontaire de grossesse (IVG).
Cette mesure avait été inscrite dans la loi Santé par les députés de la commission des Affaires sociales. « Concession » de la loi Veil de 1975, ce délai de réflexion est « infantilisant, stigmatisant », avait notamment plaidé Catherine Coutelle, la présidente de la Délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes (Voir : IVG : le délai de réflexion en sursis, la double clause de conscience tient bon).
Examinée dans la nuit, par un nombre restreint de député-e-s, la mesure a provoqué une bonne heure de débats dans l’hémicycle. Les amendements de l’UMP et l’UDI pour le maintien du délai de réflexion ont été rejetés, par 40 voix contre 22. La gauche n’a pas manqué de faire remarquer que l’UMP était représentée en séance par 18 hommes… et une seule femme, Isabelle Le Callennec.
Bompard et le « cœur de l’enfant »
Le plus remonté contre la suppression du délai de réflexion, c’était le député d’extrême-droite Jacques Bompard. Il avait déposé une série d’amendements pour insister sur l’état de « détresse » des femmes désirant avorter (une notion supprimée par la loi l’an dernier) et pour les culpabiliser. Mais il n’était pas présent en séance pour les défendre.
L’un de ses amendements imposait par exemple au médecin d’« établir en des termes simples et concrets la réalité de l’avortement : suppression d’un être. » Et de « faire prendre conscience à la mère de la réalité de ce qu’elle porte lui faisant écouter le cœur de l’enfant ». On se souvient que lors des débats sur la loi Veil, en 1975, deux députés de droite s’étaient distingués en diffusant dans l’hémicycle les battements d’un cœur de fœtus.
En 2013, des législateurs du Texas avaient déposé une proposition de loi pour interdire toute IVG après qu’un battement de cœur du fœtus a pu être détecté – ce qui peut être le cas dès 6 semaines de grossesse. Le texte n’a pas été examiné.