Le Parlement européen s’oppose à la nomination d’Yves Mersch au directoire de la Banque centrale européenne. Il y rejoindrait 5 hommes, au mépris de la politique européenne d’égalité.
A l’unanimité, la commission des affaires économiques du Parlement européen s’est opposée, jeudi 6 septembre, à la nomination d’Yves Mersch au directoire de la Banque centrale européenne (BCE). Pour ce faire, elle a reporté sine die son audition.
Ce n’est pas la personnalité de l’actuel gouverneur de la banque centrale du Luxembourg qui est en cause, mais le fait qu’il est un homme : si Yves Mersch était nommé, l’instance de direction de la BCE resterait exclusivement masculine, ce qu’elle est depuis le départ de l’Autrichienne Gertrude Tumpel-Gugerell début 2012. Depuis 1998, ce directoire n’a connu que 2 femmes sur 17 membres.
Dans un communiqué, l’eurodéputée Sylvie Goulard, à l’origine de cette fronde, note que « si un candidat de sexe masculin était désigné cette fois-ci, et sauf démission ou décès, le directoire de la BCE ne comporterait pas de femme jusqu’au 31 mai 2018 ». L’élue française rappelle que les textes européens insistent sur la nécessaire égalité entre les sexes.
Pas de femme compétente ?
Sharon Bowles, présidente de la commission des affaires économiques et monétaires, souligne que « depuis longtemps, la commission parlementaire fait part de ses inquiétudes quant au manque d’équilibre hommes-femmes au sein du directoire et du conseil des gouverneurs de la BCE ».
L’eurodéputée britannique explique avoir écrit le 8 mai, à Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, pour lui demander d’envisager « au moins un candidat de chaque sexe » pour remplacer l’espagnol Gonzalez Paramo, dont le mandat au directoire de la BCE a expiré en mai. La réponse, verbale, a été sans appel : il n’a pas été possible de trouver une femme compétente pour ce poste.
« Tout comme dans les entreprises, il semble y avoir un problème culturel général à cet égard », conclut Sharon Bowles. Cette hégémonie masculine au sein de la BCE apparaît d’autant plus absurde que la Commission européenne s’apprête à imposer le principe de nomination équilibrée dans les conseils d’administration des grandes entreprises européennes.
Photo : Le directoire de la BCE en mars 2012.
Au premier rang (de gauche à droite) : Vítor Constâncio (vice-président), Mario Draghi (président), José Manuel González-Páramo. Au deuxième rang (de gauche à droite) : Jörg Asmussen, Peter Praet, Benoît Cœuré.