Comportements virils, inégalités économiques, violences, santé… l’institut Genre et Statistiques révèle l’addition avec la Fondation des femmes à l’occasion de sa campagne #EcoutezNousBien adressée aux candidat.e.s à l’élection présidentielle.
Ce qui n’est pas compté ne compte pas. Parce que les grands instituts de statistiques nationaux ne chiffrent pas vraiment les conséquences de la culture patriarcale sur l’économie, les associations ont décidé de mettre à jour cet impensé de la politique.
Pour estimer le coût global des inégalités et les dommages collatéraux de la virilité sur l’économie en France, la Fondation des femmes fait appel à l’institut Genre et Statistiques. Ce nouvel institut est fondé par Lucile Peytavin, autrice de: Le coût de la virilité, ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes, publié il y a un an (A. Carrière ed), et Ginevra Bersani, qui étudie de près la « génération Z ».
D’après leurs calculs, le montant de la facture s’élèverait au total à 118 milliards d’euros.
3,6 milliards sont liés aux violences conjugales. Les chercheuses rappellent que le rapport Psytel évaluait déjà en 2012 le coût des violences conjugales à 3,6 milliards d’euros par an (lire : 433 DÉCÈS, 3,6 MDS € : LES CHIFFRES DES VIOLENCES CONJUGALES)
89,3 milliards sont liés aux comportements virils. Ce chiffre est basé sur la surreprésentation des hommes dans les comportements asociaux : homicides, viols, délinquance, ou insécurité routière. Quand on additionne les coûts de cette violence virile pour la justice, les forces de l’ordre ou l’impact sur la santé des victimes, les chiffres sont vertigineux. Sur la route par exemple, 84% des accidents mortels sont causés par des hommes. Les hommes représentent 96 % de la population carcérale et 83 % des mis en cause par la justice…
22,15 milliards sont liés aux inégalités économiques : il s’agit des inégalités de salaires et surtout de niveau d’activité et de création de richesses dont se prive la société. Ce chiffre est tiré des études de l’Organisation Internationale du Travail qui estime à 5,53 milliards d’euros par an les gains produits par une réduction de 25% de l’écart du taux d’activité entre les femmes et les hommes d’ici 2025.
Enfin l’institut Genre et Statistiques note que, sur ces 118 milliards, 3,6 milliards sont liés à la santé. Mais ce chiffre reste à affiner. Si les conséquences néfastes des stéréotypes de genre qui affectent la recherche biomédicale et la prise en charge des patient.e.s sont bien identifiées par les organismes tels que l’INSERM ou le HAS, aucune étude n’a encore calculé les coûts engendrés.
En revanche l’étude identifie clairement les surcoûts résultant de stéréotypes de sexe. En moyenne par an : 140 euros pour la contraception, 103 euros de sous-vêtements, jusqu’à 900 euros de produits de beauté (cinq euros pour les hommes)… Et l’étude ne compte pas les coûts des protections périodiques (104 euros par an en moyenne), car ce coût n’est pas un effet du patriarcat.
« Si les inégalités ont un coût pour la société, les femmes en paient aussi le prix à titre individuel. Un viol peut coûter à la victime entre 1000 et 60 000 euros selon les estimations – et 87% des victimes sont des femmes -, les inégalités salariales coûtent 5 420 euros par an aux femmes en moyenne et en couple le coût pour ces dernières est de 25 169 euros par an lié au travail invisible et aux injonctions à la beauté notamment » explique Lucile Peytavin.
La chercheuse cite aussi l’ouvrage de Lucile Quillet « Le prix à payer : ce que le couple hétéro coûte aux femmes » (LLL) qui démontre à quel point les hommes s’enrichissent quand les femmes s’appauvrissent avec des carrières hachées, des temps partiels, des salaires moindres. Pendant qu’elles passent du temps à effectuer du travail gratuit pour le bien de la société, elles perdent des revenus, des opportunités de carrière, du capital tandis que les hommes s’enrichissent et coûtent bien davantage.
Le message #EcoutezNousBien adressé par des associations féministes aux candidat.e.s à la présidence de la République les invite à faire baisser le coût de la virilité pour la société en entreprenant des politiques économiques féministes.
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