Une femme en couverture de magazine, une école qui féminise le terme dans son logo. Autant de progrès pour la visibilité des femmes ingénieures.
Dans son hors-série de décembre, consacré aux ‘Ingénieurs’, c’est une femme qui apparaît sur la couverture du magazine professionnel L’Usine Nouvelle. Il s’agit de Carole Dufour, 26 ans, ingénieure systèmes avant-projet chez Thales Alenia Space
Pascal Riché de Rue89 saluait cette couverture, le 13 décembre, en relevant que « dans les codes stéréotypés des médias, le mot ‘ingénieur’ est presque systématiquement associé à des photos d’hommes ».
Elles ne sont toutefois que 2 parmi les 9 « ingénieurs de l’année » mis à l’honneur par le magazine. Deux jeunes femmes : Laura Sasportas, spécialiste en ingénierie biomédicale à l’université de Stanford en Californie, qui a mis au point une méthode de détection précoce du cancer, et Alice Froissac, ingénieure mécanique spécialisée en design industriel, qui a créé une caméra portable pour les pompiers (voir le site de sa start-up, Ektos). Deux sur neuf, c’est finalement le ratio de femmes actuellement dans les écoles d’ingénieurs en France.
Des femmes ingénieures qui subissent encore des « inégalités systématiques » à leur entrée dans la vie active. Par exemple, plus d’une femme ingénieur sur quatre est en CDD au début de sa carrière, 2 fois plus souvent que les hommes.
Rendre visible les femmes dans la langue
Autre signe encourageant, cette initiative de l’EPF, École Polytechnique Féminine, qui en novembre a fait évoluer son logo pour le décliner au féminin. Elle n’est plus une « École d’ingénieurs » mais une « École d’ingénieur-e-s ». Il est vrai que cette école est particulièrement féminisée : créée en 1925 par l’une des premières femmes ingénieures françaises, Marie-Louise Paris, elle n’a formé que des femmes jusqu’en 1994. Aujourd’hui mixte, elle compte dans ses effectifs 36% d’étudiantes, soit plus du double des autres écoles d’ingénieurs en France.
Dans le communiqué annonçant la féminisation de son logo, l’EPF souligne qu’elle « fait ainsi partie des 1ères grandes écoles à suivre les recommandations du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes afin de respecter les critères d’une communication dépourvue de stéréotypes de sexe et réaffirmant l’importance de l’usage du féminin dans la langue française, notamment pour les noms de métiers, titres, grades et fonctions. Dans le cadre d’une politique d’Egalité Femme / Homme, ces principes veillent en particulier à rendre visibles les femmes dans la langue et dans les images et à proposer une diversité des représentations, en particulier pour des métiers en manque de talents féminins. »
En disant souhaiter que « d’autres grandes écoles d’ingénieur-e-s suivront sûrement notre exemple dans les années à venir », la Directrice de la Communication et référente Egalité Femme-Homme de l’EPF, Cécile Bourbon, conclut par cette pique : « L’évolution de la société pousse en effet à la féminisation des métiers, même si l’Académie française continue de les proscrire (avec seulement 15% de femmes parmi les “immortels”. »
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