Pour dénoncer le manque de moyens qui les met en danger, les joueuses de rugby ont refusé, à contre-coeur, de disputer un match de Coupe de France. La direction y voit des « caprices de princesses. »
Alors que les joueuses de l’Association Sportive de Bayonne devaient disputer leur premier match de Coupe de France dimanche dernier face à Toulouse, elles ont décidé de ne pas entrer sur le terrain de rugby. Une grève qu’elles expliquent, après des mois de crise, dans une lettre ouverte. Comme beaucoup d’équipes sportives féminines, elles n’ont que très peu de moyens pour s’entraîner, nombre d’entre elles abandonnent, d’autres se blessent et celles qui restent se mettent en danger sur le terrain face à des joueuses qui, dans d’autres clubs, sont plus nombreuses et mieux entraînées.
« Le manque d’effectif évident ne nous permet pas de nous entraîner et de jouer dans des conditions admissibles, cela mettant en danger l’intégrité physique et morale de nos joueuses notamment aux postes de première ligne » écrivent-elles.
Cela fait plusieurs saisons que les joueuses de l’AS Bayonne bataillent contre leur direction qui semble les prendre de haut lorsqu’elles demandent des moyens minimums pour une équipe de ce niveau. « Nous bénéficions depuis cette année de l’accès à une salle de musculation ainsi que de la mise à disposition d’un préparateur physique par l’Aviron Bayonnais, éléments essentiels et indispensables pour la pratique de notre discipline à haut niveau. Exigences perçues comme « des caprices de princesses » ». Ainsi, « Alors que l’ensemble des clubs d’Élite 1 sont en pleine expansion, nous demeurons au même stade qu’il y a quatre ans, lors de notre montée au plus haut niveau. » Le rugby féminin a évolué et « aujourd’hui jouer avec ‘courage’ ne suffit plus » écrivent-elles.
Une décision de grève prise à contre-cœur. Dans Rugbyrama, Eva Robquin, pilier droit, affirme : « Ce n’est pas qu’on avait peur, ou autre, c’est une décision qu’on a prise à contre-cœur. J’ai une licence pour jouer, pas pour être en grève. Je vous assure qu’on aurait préféré jouer ce week-end. Matcher contre le Stade Toulousain, c’est autre chose que les entraînements. Mais là nous n’avions que 3 joueuses pour la première ligne. Je ne connais pas de pilier qui joue 80 minutes aujourd’hui. Et même si nous avions envie, la raison nous rappelle que c’était dangereux, et lundi nous travaillons, nous avons toutes un métier ou des études à côté. » Les « princesses » voient les autres clubs se structurer pour accompagner leurs équipes féminines tandis qu’elles « s’infligent quasi quotidiennement et de manière bénévole, les séances d’entraînements et de muscu.» Elles ont du cœur mais le cœur a ses limites.