Mettre en lumière les femmes oubliées de notre Histoire. C’est le cheval de bataille du mouvement HF qui fête cette année les dix ans des Journées du Matrimoine. Du 19 au 21 septembre, plusieurs évènements sont organisés partout en France pour rendre justice aux créatrices du passé.
Les femmes sortent de l’oubli ! Du 19 au 21 septembre, les Journées du Matrimoine, créées par le mouvement HF en 2015, célèbrent les créatrices du passé ayant contribué à notre histoire culturelle. Autrices, compositrices, musiciennes, architectes, comédiennes… À toutes les époques, les femmes ont toujours été actives et créatrices mais l’Histoire, écrite par les hommes, s’est appliquée à les effacer de nos références communes. Grâce au travail de chercheuses et de militantes féministes, elles connaissent aujourd’hui une juste reconnaissance.
Dix ans de matrimoine
Depuis dix ans, beaucoup a été accompli pour réhabiliter de nombreuses pionnières méconnues. Une plaque commémorative a été déposée dans le 17e arrondissement de Paris pour rendre hommage à la peintre Marguerite Jeanne Carpentier. Un nouveau cinéma, qui ouvrira bientôt ses portes à Bobigny, portera bientôt le nom d’Alice Guy, la réalisatrice du premier film de fiction. Grâce au travail de recherche foisonnant d’Aurore Évain sur le matrimoine théâtral, le mot « autrice » s’est aujourd’hui imposé dans le débat public.
Lire : Aurore Évain : « L’ensemble des acteurs investis pour un matrimoine théâtral est fragilisé »
Mais, en 2015, l’accueil fut mitigé. « Il y a dix ans, lors des premières Journées du Matrimoine, peu de monde était présent », se remémore Marie Guérini, coordinatrice de l’événement depuis sa création. Mais elle s’enthousiasme de voir que cette hostilité s’atténue progressivement. Aujourd’hui, l’évènement dépasse le mouvement HF, centré sur l’Île-de-France, et plusieurs villes investissent les Journées du Matrimoine, comme Nantes ou Bordeaux.
Pour cette dixième édition, même programme. Le mouvement HF organise 26 évènements dans la région Île-de-France. À travers des concerts, expositions, spectacles de théâtre, de danse, balades commentées et ateliers créatifs, il sera possible de plonger dans la vie de femmes audacieuses et visionnaires. À Aubervilliers, une balade se rendra sur les pas de l’architecte Renée Gailhoustet, qui a repensé l’approche des logements sociaux. À la mairie du 5e à Paris, une lecture dansée redonnera vie à l’œuvre de la poétesse avant-gardiste Valentine de Saint-point. Du côté de la mairie du 11e, un concert célébrera une quinzaine de pionnières du Rock’n’Roll. Depuis la création de l’évènement, le mot d’ordre n’a pas changé : « On n’est pas que des muses ! »
« Un combat militant »
Si les Journées du Patrimoine existent depuis 1984, les femmes au programme étaient minoritaires, voire des exceptions. En 2015, 95% des œuvres visibles étaient réalisées par des hommes. C’est ce qui a motivé le mouvement HF à lancer son pendant féminin. « Faire émerger un matrimoine, c’est un combat militant », martèle Marie Guérini.
Si le matrimoine progresse, la société actuelle reste l’héritière de cet effacement des figures féminines dans l’Histoire. « Ces femmes, souvent reconnues de leur vivant, ont été oubliées après leur mort, et pour certaines, volontairement effacées. Leurs œuvres n’ont pas été transmises aux générations suivantes et se sont même vues récupérées par les hommes de leur entourage (mari, père ou frère) », déplore HF dans un communiqué. Résultat : en 2025, seulement 13,3 % des noms de rues en France portent des noms de femmes. Effacer les femmes de l’histoire culturelle c’est aussi une manière de justifier le manque de parité. Au théâtre, 37% des spectres ont été dirigés par des femmes et seulement 22% des opéras ont été mis en scène par des femmes en 2024 et 2025, comme l’indique l’Observatoire 2025 de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication.
Le combat pour la parité est loin d’être terminé. Prochaine étape ? Le mouvement HF réclame de transformer les Journées Européennes du Patrimoine (JEP) en Journées Européennes du Matrimoine et du Patrimoine (JEMP). En attendant, la mission des Journées du Matrimoine reste la même : « Éveiller les consciences et favoriser l’égalité entre femmes et hommes dans les arts et la culture et plus largement dans notre société ».
Pour retrouver le programme complet des Journées du Matrimoine 2025, c’est ICI.
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