107 victimes de féminicides, 270 victimes de tentatives de féminicides, 906 femmes victimes de harcèlement par (ex-) conjoint ayant conduit au suicide ou à sa tentative… Les chiffres de la Miprof sont alarmants. Et le travail essentiel des associations féministes est mis en difficulté par le manque de moyens.

A la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, les chiffres ne vont pas dans le bon sens. Dans sa lettre annuelle, publiée le 20 novembre, l’Observatoire national des violences faites aux femmes (Miprof) tire une énième fois la sonnette d’alarme.
Des chiffres alarmants
« Toutes les 7 heures, il y a une femme que son conjoint ou ex-conjoint tue, tente de tuer, conduit à se suicider ou à tenter de se suicider » indique l’étude. Les conséquences sont dramatiques et réelles : 107 femmes ont été victimes de féminicides conjugaux en 2024. Soit une hausse de 11 % depuis 2023, où 96 féminicides conjugaux avaient été enregistrés, révèle l’étude. Si les chiffres sont ceux communiqués par le ministère de l’Intérieur, les organisations féministes, quant à elles, les évaluent à 141. Mais le spectre des féminicides s’étend au-delà : 270 tentatives de féminicides conjugaux et 906 femmes victimes de harcèlement de leur conjoint ou ex-conjoint ayant conduit au suicide ou à sa tentative ont été comptabilisées en 2024. Un chiffre en hausse de 17% sur un an.
Le bilan ne s’arrête pas là. Toutes les deux minutes une femme est victime de viol, de tentative de viol ou d’agression sexuelle. Toutes les vingt-trois secondes, une femme subit du harcèlement sexuel, de l’exhibition sexuelle ou l’envoi non sollicité de contenus à caractère sexuel. Parmi les victimes, 91 % des majeures sont des femmes et 54 % sont mineures. Les femmes restent, en très grande majorité, les premières cibles des violences sexistes et sexuelles.
Des mesures inefficaces et sous-financées
Grande cause du second quinquennat d’Emmanuel Macron, les violences faites aux femmes perdurent. « Ces données sont un instrument pour l’action publique, précise l’Observatoire national des violences faites aux femmes dans sa lettre annuelle, et insiste : Elles éclairent nos politiques publiques, permettent de mesurer l’efficacité des dispositifs existants et d’orienter nos actions pour mieux protéger et accompagner les victimes ». Dans les faits, les propositions des gouvernements successifs restaient très éloignées du projet de loi intégrale contre les violences sexistes et sexuelles réclamé par une coalition féministe.
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Sur le terrain, ce sont les associations féministes qui font réellement la différence. Or, les budgets dédiés aux victimes et aux programmes d’accompagnement, de formation, de prévention continuent d’être insuffisants ou d’être amputés, comme le dénonçait le CIDFF ou le Planning Familial encore très récemment.
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La lettre annuelle de l’Observatoire national des violences faites aux femmes doit interpeller les pouvoirs publics. Il faut regarder ces violences en face, arrêter de les minimiser et investir les financements nécessaires pour lutter.
La députée socialiste Céline Thiébault-Martinez a annoncé avoir déposé ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de « loi intégrale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants ». Soutenu par une centaine de députés, ce texte de 78 articles, s’inspire des recommandations de la « coalition féministe pour une loi intégrale ».
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