Le mot « féminicide » remplace les euphémismes, les violences sexistes sont dénoncées mais les femmes de pouvoir restent peu visibles et peu valorisées dans les journaux.
Le deuxième baromètre de la condition des femmes dans la presse réalisé par Tagaday (ex-Press’edd) confirme un premier progrès : le mot « féminicide » est entré dans le vocabulaire des journaux rompant avec ce que l’historienne Natacha Henry appelle « l’immunité amoureuse», ce vocabulaire qui minimise les crimes commis contre les femmes. Tagaday a compté : le mot féminicide est passé de 1.652 citations en 2018 à 14.514 en 2019, soit une progression de 779%.
Introduit dans le vocabulaire en 1976 par la sociologue américaine Diana E. H. Russell, ce mot a eu du mal à s’imposer en France. Laurence Rossignol, ex-ministre en charge des Droits des femmes avait demandé la reconnaissance du terme féminicide à l’ONU en 2016. Mais il a fallu de véritables broncas sur les réseaux sociaux pour que les médias acceptent de se remettre en question. A force d’être interpellés et montrés du doigt, ils ont fini par changer. (Lire Dans les journaux, le sexisme ordinaire se porte bien mais…) Sophie Gourion, qui a décortiqué les principaux registres d’euphémisation observait un début de remise en question il y a presque deux ans. (lire : #LesMotsTuent : 350 articles épinglés et un début de questionnement dans les médias)
Violences
Si les droits des femmes représentent 34,9% des sujets parlant des femmes dans la presse, c’est la question des violences faites aux femmes qui occupe près de 49% des sujets. Avec une légère baisse de 3% par rapport à 2018. Explication : ce serait lié aux révélations de « l’affaire Weinstein » et au mouvement mondial #MeToo qui ont occupé les médias en 2018.
Que disent les médias des femmes au travail ? Pas grand-chose. En 2019, elles n’occupaient qu’un peu plus de 16% du total des occurrences analysées. Ce qui représente une petite augmentation par rapport à l’année précédente, due essentiellement aux articles sur l’index de l’égalité.
Mais, note Tagaday, « les ‘patronnes’ se frayent néanmoins un chemin sur la scène médiatique, avec près de 54.000 occurrences des termes entrepreneuses ou dirigeantes (+ 8%). Avec un peu moins de 5.000 citations enregistrées en 2019, le traitement des problématiques liées à l’égalité salariale ou professionnelle reste lui encore peu visible dans les médias, même si la progression est significative (+17% vs 2018).»
Concernant les femmes politiques, l’étude renvoie à son baromètre de début d’année révélant que « Seulement 17,9 % des personnalités qui ont fait l’année médiatique 2019 sont des femmes. (lire : Sur cinq personnalités médiatisées, moins d’une femme)