L’opposition espagnole accusait le gouvernement de chercher à faire oublier son projet de loi controversé pendant la campagne des européennes. Le texte devrait commencer à être examiné par le Parlement en juillet.
Le projet de loi sur l’avortement en Espagne « caché sous le tapis » pendant la campagne pour les élections européennes ? L’hypothèse revenait fréquemment dans la presse espagnole ces derniers temps.
C’est en décembre 2013 que le Parti populaire (PP) au pouvoir avait présenté son avant-projet de loi controversé, qui prévoit de limiter sévèrement la possibilité d’avorter (1). Mais, plus de 4 mois après, le texte n’a toujours pas été inscrit dans le calendrier parlementaire. La raison est institutionnelle : les administrations publiques chargées de donner leur avis sur le projet de loi prennent leur temps. Bien plus que d’habitude, relèvent les observateurs.
Loi votée avant la fin de l’année ?
De quoi alimenter l’idée que le gouvernement est à la manœuvre pour éviter de parler d’un sujet qui fâche avant les élections européennes du 25 mai. Car une très large majorité d’Espagnols rejette le texte (Voir : La remise en cause de l’avortement « préjudiciable » au gouvernement espagnol).
Mais le gouvernement est reparti de l’avant, ces derniers jours. Le projet de loi, porté par le ministre de la Justice Alberto Ruiz-Gallardón sera présenté au Parlement au mois de juillet, affirme le journal El Pais. Le 8 mai, le ministre a publiquement rejeté les accusations de l’opposition selon laquelle le gouvernement cherchait à faire oublier le sujet pendant la campagne des européennes.
Deux jours plus tôt, le Premier ministre assurait être disposé à « débattre » du texte, mais qu’il était hors de question de le retirer. Au final, la loi pourrait être votée avant la fin de l’année. Il faut dire que dans le même temps les groupes de pression catholiques faisaient, eux, pression pour que le gouvernement accélère le calendrier.
« Ennemi public numéro 1 »
Le Parti socialiste espagnol, quoi qu’il en soit, entend bien maintenir le sujet au cœur de la campagne européenne. En espérant qu’il ait une influence sur les résultats. Le 7 mai, la tête de liste socialiste Elena Valencieno qualifiait le ministre de la Justice d’« ennemi public numéro 1 de la liberté des femmes ».
Depuis le début, la controverse sur le projet de loi espagnol a des répercussions dans toute l’Europe (Voir : IVG en Espagne et en Europe : retour en arrière). Au début de l’année, le président du Parti socialiste européen appelait à la mobilisation « pour les droits des femmes, en Espagne et ailleurs en Europe », soulignant également qu’il devrait s’agir d’un thème central de la campagne.
(1) L’IVG pourrait n’être autorisée qu’en cas de viol, de malformations fœtales ou de « traumatisme psychologique » pour la mère, médicalement prouvé. L’association des établissements qui pratiquent l’IVG estime que ce sont 85% des plus de 100 000 avortements pratiqués annuellement en Espagne qui risquent ainsi de devenir illégaux.