Parce que le confinement « exacerbe les violences conjugales et dans les familles », le secrétaire général de l’ONU exhorte les Etats à prendre des mesures pour protéger les victimes.
« La violence ne se cantonne pas aux champs de bataille » : le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé dimanche 5 avril un appel mondial à protéger les femmes et jeunes filles « à la maison » en ces temps de confinement provoqué par la pandémie de COVID-19. Dans un communiqué et une vidéo en anglais sous-titrée en français, arabe, espagnol, chinois ou russe, il a rappelé son appel récent à un cessez-le-feu sur tous les théâtres de guerre pour mieux lutter contre la maladie et exhorté, cette fois-ci, les Etats à agir pour protéger les femmes face à une augmentation des « violences domestiques » partout dans le monde.
« Ensemble, nous pouvons et devons empêcher la violence partout, dans les zones de guerre comme dans les foyers, tandis que nous nous efforçons de vaincre le #COVID19 ».
— @AntonioGuterres sur les violences de genre pendant la période de confinement dû au #coronavirus. pic.twitter.com/ghQJlXwj0H
— Nations Unies (ONU) (@ONU_fr) April 6, 2020
« Ces dernières semaines, tandis que s’aggravaient les pressions économiques et sociales et que la peur s’installait, le monde a connu une horrible flambée de violence domestique » a déploré Antonio Guterres. « J’engage tous les gouvernements à prendre des mesures de prévention de la violence contre les femmes et à prévoir des recours pour les victimes dans le cadre de leur plan d’action national face au COVID-19 », a-t-il ajouté.
Il a demandé notamment la mise en place de « systèmes d’alerte d’urgence dans les pharmacies et les magasins d’alimentation » (une initiative de l’Espagne suivie par la France). Ceci afin « que les femmes puissent demander de l’aide de manière sûre, sans que ceux qui les maltraitent s’en rendent compte » a-t-il expliqué.
L’ONU n’est pas en mesure aujourd’hui de quantifier le nombre de femmes ou jeunes filles subissant des violences familiales en raison du confinement dans le monde mais rappelle qu’une femme sur trois expérimente la violence durant sa vie.
Partout dans le monde, diverses organisations dénoncent l’augmentation des violences intra-familiales depuis le confinement. L’AFP indique qu’aux États-Unis, plusieurs villes ont rapporté un nombre croissant de cas de violences familiales. En Inde, la Commission nationale pour les femmes indique que le nombre de dossiers a doublé dès la première semaine de restriction de mouvements. Le gouvernement australien a constaté une augmentation de 75% des recherches sur Internet pour un soutien face à des violences dans les foyers. En Turquie, des militantes ont constaté un accroissement des meurtres de femmes. En Afrique du Sud la première semaine de confinement a donné lieu à près de 90.000 plaintes de violence. Et en France, le Ministre de l’Intérieur a indiqué une hausse de plus de 30 % des violences domestiques depuis le début du confinement. Et ces quelques chiffres ne rendent pas compte de l’immense détresse des femmes vivant dans des pays dans lesquels ces violences ne sont même pas comptées.
L’ONU craint que les violences faites aux femmes prennent des formes complexes : l’exposition au coronavirus utilisée comme une menace, femmes expulsées de leur domicile sans endroit où aller, police et justice submergées…
Alors Antonio Guterres exhorte les gouvernements à prévoir davantage d’abris pour les victimes de violences et à considérer ce dossier comme prioritaire.