Après le limogeage de la ministre de l’Écologie, plusieurs responsables politiques fustigent une décision « machiste ». D’autres récusent ce prisme.
La ministre de l’Écologie a été écartée du gouvernement après avoir critiqué la baisse du budget de son ministère, un budget qu’elle juge « mauvais ». Depuis, les réactions s’enchaînent. Nombre d’entre elles sur le thème : « c’est une attitude machiste ».
Le premier à se lancer sur ce terrain a été le chef de file des députés d’Europe Écologie-Les Verts : sur BFMTV, Jean-Vincent Placé faisait remarquer, en rappelant que Nicole Bricq avait elle aussi dû quitter le ministère de l’Écologie : « on vire les femmes, c’est plus facile, probablement ! ». Nicole Bricq avait cependant trouvé une autre place au gouvernement.
Même tonalité chez le député européen Daniel Cohn-Bendit mercredi sur France Inter s’en prenant à l’exécutif : «Ce sont des machos, la manière dont ont été licenciées et Nicole Bricq et Delphine Batho, par rapport au traitement paternaliste» dont a bénéficié, selon lui, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif.
Le député européen d’EE-LV José Bové enchaîne, dans une interview à Metronews : « Je ne sais pas si cela a à voir avec le fait que (Nicole Bricq et Delphine Batho) sont des femmes, mais le fait est qu’elles sont parties plus vite qu’un Arnaud Montebourg, qui lui peut se permettre de dire tout ce qu’il veut, y compris le pire. (…) Le symbole est absolument dramatique ! ».
Bové, Baupin, Placé.. et Cécile
C’est une petite phrase presque anodine, mais qui témoigne du regard différencié porté sur les hommes et les femmes politiques. Le successeur de Delphine Batho, Phillipe Martin, s’explique dans Le Monde : « Si j’en crois les messages que j’ai reçus, de Bové, Baupin, Placé ou même Cécile [Duflot], je ne suis pas perçu comme illégitime à ce poste ». Les hommes cités par leur nom, la femme par son prénom…un grand classique.
Le deux poids, deux mesures entre Arnaud Montebourg et Delphine Batho n’a pas non plus échappé à la députée socialiste Colette Capdevielle qui écrit sur Twitter : « Soutien à Delphine Batho, courageuse femme ministre qui n’a eu droit qu’à un seul “couac”, elle ! »
Et Jean-Luc Mélenchon, dans son style bien à lui, juge que François Hollande a montré « un visage autoritaire, machiste et violent ».
Révèle le machisme de celui qui le dénonce
Plus savoureuse encore est la condescendance de ceux qui dénoncent un machisme qu’ils ne font qu’entretenir. Sur I- Télé mardi soir, Patrick Devedjian sur fond de critique d’un exécutif « fort avec les faibles » (une expression reprise par Nathalie Koscuisko-Morizet), parlait de la ministre limogée comme d’une « pauvre jeune fille timide » qui est « pour une fois sortie de sa timidité »…
Conseiller de Najat Vallaud-Belkacem, Maxime Ruszniewski attaque sur Twitter : « Ceux qui dénoncent du « machisme » ce matin sont précisément les plus sexistes : réduire l’intéressée à sa condition de femme. »
D’autres, soulignent que le remplacement de Delphine Batho par un homme, Philippe Martin, met un terme à la stricte parité qui était la marque de ce gouvernement. Il compte aujourd’hui 19 hommes (plus le premier ministre) et 18 femmes. Depuis la démission de Jérôme Cahuzac, il comptait plus de femmes que d’hommes. Un symbole malvenu au moment même de la présentation en conseil des ministre du projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes qui contient plusieurs mesures destinées à renforcer la parité. L’UMP Valérie Pécresse ne manque pas d’ironiser sur Twitter : « Ironie: la loi sur la parité est présentée en conseil des ministres le jour où la parité disparaît du gouvernement… »
Mais pour la ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, cette éviction est pleinement justifiée. Delphine Batho n’avait pas « à remettre en cause publiquement » les choix budgétaires du gouvernement, a déclaré Najat Vallaud-Belkacem mercredi matin sur RMC. Tout en faisant remarquer que le nombre de ministre est « impair » au gouvernement, « donc on ne peut pas atteindre la parité » stricte.