Le mot « masculinisme » arrive largement en tête des mots les plus recherchés sur le site du dictionnaire Le Robert en 2025. Mais son usage médiatique édulcore souvent la réalité de l’idéologie qu’il désigne.

« Ensemble de revendications cherchant à promouvoir les droits des hommes et leurs intérêts dans la société au détriment de ceux des femmes ». C’est ainsi que le dictionnaire Le Robert définit le masculinisme. Les recherches pour connaître la définition de ce mot ont été celles qui ont le plus augmenté en 2025 sur le site internet Dico en ligne Le Robert : + 800 % sur un an !
Les idées masculinistes prennent de l’ampleur
Cette hausse importante reflète des préoccupations actuelles. En 2025, ce concept gagne en visibilité après le succès de la série britannique « Adolescence », qui questionne la montée des violences masculinistes lorsqu’un garçon de 13 ans poignarde à mort une de ses camarades.
La série a mis un coup de projecteur sur un fléau bien réel. En janvier 2025, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes alertait quant à une polarisation grandissante sur les questions d’égalité et de sexisme, avec une majorité de jeunes femmes qui n’ont plus peur de se dire féministes et, à l’inverse, davantage de jeunes hommes qui adoptent des positions conservatrices et banalisent les violences envers les femmes.
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Parler des masculinismes
Nommer les maux de la société est l’un des enjeux de la lutte contre les violences faites aux femmes. À l’instar du mot « féminicide » qui a progressivement remplacé « crime passionnel » dans le débat public, les violences masculines fondées sur le genre commencent enfin à être identifiées comme des actes masculinistes par les médias ainsi que par la justice. La forme passive « violences faites aux femmes » laisse petit à petit sa place au mot « masculiniste ».
Ce mot qui a fait irruption dans le vocabulaire est-il utilisé de manière à donner la mesure du phénomène ? Pas vraiment. L’idéologie incel (involuntary celibate) est la mouvance masculiniste la plus médiatisée, mais elle est loin d’être la seule. Dans son livre La terreur masculiniste, Stéphanie Lamy, spécialiste des guerres de l’information, détaille les différentes mouvances masculinistes et leurs spécificités, tels que leurs modèles et leur processus de radicalisation. Elle montre ainsi que les violences masculinistes relèvent d’actes terroristes. Première victoire : en juillet 2025, le Parquet National Anti-Terroriste (PNAT) a été saisi pour la première fois pour une tentative d’attentat masculiniste à Saint-Etienne. Première fois, aussi, que le mot « terrorisme » est associé au masculinisme.
Cependant, tout ce qui devrait être qualifié de masculiniste ne l’est pas. Une méconnaissance de la complexité et de l’ampleur des idéologies masculinistes persiste dans le récit médiatique. Et, « cette confusion participe à normaliser les violences à l’égard des femmes, ce qui est précisément l’objectif de ces mouvances », mettait en garde Stephanie Lamy dans une interview accordée aux Nouvelles News. Elle ajoute : « Certains médias emploient le mot masculiniste mais mal. Très souvent, les actes de violence spectaculaires sont attribués aux incels, qui restent le groupe le plus connu. Or, attribuer un fait d’arme à une mouvance en quête de notoriété occulte le pouvoir de nuisance d’un autre milieu de radicalisation ».
Au-delà de la définition synthétique, qui édulcore la réalité de ce qu’est le masculinisme, les médias ont encore du mal à documenter, décrypter et informer correctement sur les violences masculinistes et les présenter comme des actes terroristes.
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