Exclue de l’équipe nationale iranienne en 2020 pour avoir refusé de porter le hidjab, Mitra Hejazipour a obtenu la nationalité française en mars dernier. Et vient de remporter les championnats de France.
A 30 ans, Mitra Hejazipour, est devenue championne de France d’échecs lors du 96e Championnat qui se tenait à l’Alpe d’Huez du 18 au 27 août 2023.
Cette joueuse d’origine iranienne avait été exclue de son équipe nationale pour avoir refusé de porter le hidjab lors des Championnats du monde de blitz (jeu rapide) 2019 à Moscou. La Fédération iranienne d’échecs, après avoir vu, sur les réseaux sociaux, une photo d’elle cheveux attachés en queue-de-cheval, avait d’abord annoncé que Mitra Hejazipour ne faisait pas partie de l’équipe iranienne. Puis elle l’avait officiellement exclue pour « non-respect des lois » le 2 janvier 2020.
La joueuse avait aussi posté un message sur Instagram dénonçant ce voile comme une « limitation » et non une « protection » pour les femmes : « Il crée de nombreuses limitations pour les femmes et les prive de leurs droits fondamentaux. S’agit-il d’une protection ? Je réponds que non, qu’il s’agit uniquement et simplement d’une limitation » écrivait-elle.
En, 2019, elle avait été invitée par l’équipe d’échecs de Brest à jouer en France (un club qu’elle a alors aidé à monter en Top 12 pour la première fois de son histoire en 2020.) Elle vivait temporairement dans la ville qui l’accueillait, a obtenu une licence en informatique et a appris le français pour travailler. En mars 2023, elle obtient la nationalité française.
Le site EuropeEchecs.com retrace ainsi le parcours de celle qui a eu le titre de grand maître international féminin en 2015 : « Vice-championne du monde des moins de 10 ans en 2002 et 2003, championne d’Iran en 2012 et championne d’Asie en 2015, elle a remporté les Internationaux de France de parties rapides en 2019, puis le titre de Championne de France de blitz en 2023. »
Elle est la deuxième joueuse à avoir dû quitter l’équipe nationale iranienne pour avoir refusé de porter le hidjab, deux ans après Dorsa Derakhshani — qui concourt depuis 2017 pour les États-Unis.