D’abord, il casse du journaliste : « métier pourri », une « sale corporation voyeuriste ». Puis, menton haut : « Avec moi, vous parlez de choses sérieuses. Dignitas et gravitas, la maxime romaine. Avec moi, vous parlez de politique. Et vos sujets de merde, vous allez les faire avec des gens qui veulent répondre à la merde ! »…. « Vous trouvez digne de parler à un homme comme moi, vous trouvez digne, alors que je vous donne en exemple un titre pourri du Parisien, de commencer un débat avec moi sur la prostitution ? » (voir la vidéo plus bas)
Au-delà des insultes, c’est le consensus latent sur la question de la prostitution qui est choquant dans cet échange. « Sujet de merde » pour l’homme politique. « Mais ça intéresse les gens » répond maladroitement l’apprenti journaliste, reprenant ainsi un travers du journalisme contemporain en crise : parler de sujets croustillants qui font vendre des journaux au lieu d’aborder les sujets politiques. Quitte à faire parler le vide.
« sujet de merde »
Au passage, Mélenchon explique son désintérêt pour le sujet en se plaçant du point de vue du « consommateur » de prostituées qu’il n’a jamais entendu se plaindre de devoir aller dans les bois plutôt que dans une maison close. A aucun moment, ni dans les propos des protagonistes, ni dans les commentaires qui fusent, il n’est dit que la question de la prostitution est un sujet politique. La plémique va bon train dans les médias : l’agressivité envers le journaliste est condamnée… Pas le mépris pour la question de la prostitution. Derrière ce « sujet de merde » il y a des trafics d’êtres humains, de la violence, une économie souterraine qui réduit à l’esclavage des individus… Pas politique ? Pas digne du leader d’un nouveau parti de gôche ? Un parti qui se flatte par ailleurs de compter beaucoup de femmes. Et parmi elles, nombreuses sont celles qui participent au mouvement abolitionniste.