La Grosse Pomme s’attaque au culte de la minceur. A coups d’affiches publicitaires, de vidéos, d’ateliers dans les écoles, New York a bien l’intention de faire intégrer aux jeunes filles que leur physique n’a pas d’importance.
« Je suis une fille, et je suis belle comme je suis » : c’est le slogan de la nouvelle campagne de sensibilisation lancée par la ville de New York. Le but ? « Aider les petites filles à croire que leur valeur vient de leur personnalité, de leurs attributs et de leur compétences, pas de leur apparence » explique le NYC Project.
Redonner confiance à ces jeunes filles, souvent complexées dès le plus jeune âge par leur physique, c’est donc le pari que New-York a décidé de relever.
Des affiches seront placardées sur les bus, dans les couloirs du métro, sur les cabines téléphoniques : autant d’espaces publics pour leur faire intégrer l’idée qu’elles n’ont pas besoin de suivre le diktat de la minceur pour se sentir bien dans leur peau. Le NYC Project souligne que 80% des Américaines de 10 ans ont peur d’être trop grosses (en France, si une adolescente sur dix est en surpoids, elles sont trois fois plus à se trouver trop grosses).
L’intention est bonne, mais le message de cette campagne ne vise pas juste : sur The Daily Beast, Amanda Marcotte apporte une des rares critiques au NYC Project. En effet, dans le message « belle comme je suis », c’est malgré tout l’idée de beauté qui reste mise en avant, regrette-t-elle. |
Un autre modèle de femmes
« Je suis créative, meneuse, sportive, amicale, espiègle, intrépide, honnête et unique » : autant de qualificatifs valorisant pour permettre aux plus jeunes de croire en leurs capacités et dépasser les conventions. Une façon de lutter dans le même temps contre les stéréotypes sexistes. Oui, petite, tu peux toi aussi rêver à devenir une sportive ou une entrepreneuse. Bien loin des modèles de princesse, danseuse ou chanteuse bien trop souvent proposées aux jeunes filles, le projet vise à leur faire prendre conscience qu’elles ont le choix d’entreprendre ce que bon leur semble.
La campagne publicitaire, qui s’élève à 330.000 $ selon le Huffington Post, présente 21 affiches de jeunes filles : des noires-Américaines, des asiatiques, des rousses, des blondes, des ados, des fillettes, des rondes, des minces. Elle est accompagnée d’ateliers réalisés dans plus de deux-cents collèges new-yorkais, destinés aux 10-15 ans, pour changer regard des filles sur leur corps. Une campagne relayée sur twitter avec le hastag #ImAGirl et jusque dans les taxis jaune de la Grande Pomme, qui diffusent une vidéo du projet.
C’est que l’enjeu est de taille. Dans une étude menée en 2010, 63% des filles jugeaient « irréaliste » l’image des femmes représentée par l’industrie de la mode. Mais elles étaient presque aussi nombreuses (60%) à admettre vouloir ressembler aux top-models. Pour y parvenir, tous les moyens sont bons. A commencer par ne rien avaler de la journée pour obtenir un beau thigh gap, nouvelle tendance chez les adolescentes américaines. Des risques majeurs pour des jeunes filles en pleine croissance, qui, en multipliant des régimes plus absurdes les uns que les autres, risquent de souffrir par la suite de troubles alimentaires.
Adolescentes britanniques : plus grandes buveuses en Occident
Sans oublier les comportements à risque, directement liées au culte de la minceur. Perdre du poids, c’est l’une des raisons qui incitent les jeunes filles à fumer. Tandis que les adolescentes en manque d’estime de soi sont deux fois plus nombreuses à admettre des consommations d’alcool excessives.
Un récent rapport britannique soulignait aussi ce malaise du rapport au corps. En Grande-Bretagne, la moitié des adolescentes ont recours au régime. Des adolescentes qui, rapport le quotidien The Guardian, sont aujourd’hui les plus grandes consommatrices d’alcool en Occident. L’an dernier, près de 300 enfants, âgés de 11 ans ou moins, ont été admis aux urgences pour des comas éthyliques ou des accidents liés à une consommation trop importante d’alcool. Des addictions qui conduisent chaque année plus de 6500 jeunes britanniques de moins de 18 ans à entrer en cure de dépistage. Et la majorité d’entre eux était des filles. Un renversement d’une ancienne tendance, longtemps dominé par les garçons.