La cheffe pâtissière française Nina Métayer est la première femme à recevoir le prix Pâtissier Mondial. Alors que les plus grandes écoles de pâtisserie comptent beaucoup plus de femmes que d’hommes. Lesquels sont plus médiatisés…

Il aura fallu attendre 2023 pour qu’une femme remporte le prestigieux prix « Pâtissier Mondial » de l’année, décerné par l’Union internationale des Boulangers et Pâtissiers (UIBC), créée en 1931. C’est la cheffe pâtissière française Nina Métayer qui a reçu cette distinction le 25 octobre à Munich.
Qui est Nina Métayer ?
Cette française de 35 ans, originaire de La Rochelle, n’en est pas à son premier prix. En 2016, Nina Métayer est sacrée «Pâtissière de l’année» par le magazine Le Chef, ainsi que par le guide Gault et Millau. Pourtant, la pâtisserie n’était pas une évidence pour la cheffe. Avant de décrocher son baccalauréat général, elle part au Mexique où elle découvre les techniques de la boulangerie. À son retour en France, elle est finalement séduite par la pâtisserie et décide d’en faire son art. Dès que la française met la main à la pâte, elle excelle. Après avoir été diplômée de la prestigieuse école de cuisine Ferrandi, elle débute en tant que commis de cuisine au palace parisien Le Meurice, puis à l’hôtel Raphaël, avant d’intégrer l’équipe de Jean-François Piège lors de l’ouverture de son Grand Restaurant. En 2020, elle décide de lancer ses propres créations avec La Délicatesserie. Une pâtisserie en ligne, qui a récemment ouvert plusieurs points de vente.
Le prix du « Pâtissier Mondial » de l’UIBC vient donc récompenser cette première partie de carrière admirable. Toutefois, au moment de recevoir son prix, Nina Metayer confie dans une interview parue dans le magazine Le Point : « Jamais je n’aurais pensé avoir ce prix »… Est-ce vraiment impensable, pour une femme, de remporter une récompense aussi prestigieuse ?
« Cheffe, maman, entrepreneure, et accomplie »
Avant elle, la visibilité des femmes patissières laissait à désirer. Des noms comme ceux de Cyril Lignac, Philippe Conticini ou encore Cédric Grolet sont connus du grand public. Mais du côté des femmes, difficile de citer des noms… Cette sous-représentation féminine ne serait pourtant qu’un écran de fumée face à un véritable phénomène de féminisation du secteur de la Pâtisserie. En 2019, l’école de cuisine Ferrandi affirme que les femmes représentent désormais plus de 70% des élèves dans la section bachelor “art culinaire et entreprenariat” option pâtisserie. Même constat pour l’École Nationale Supérieure de Pâtisserie qui compte plus de 60% de femmes. Dans une interview accordée au Point, Nina Métayer se remémore, elle aussi, son début de parcours semé d’embûches : « On m’a fermé beaucoup de portes lorsque j’ai débuté. J’ai encore en tête des phrases où on me disait qu’être une femme, « maman, pâtissière et cheffe » c’était impossible. Ça ne m’a pas démotivé. Au contraire. J’ai eu en moi une sorte de rage qui m’a servie ».
Davantage visibles, représentées et récompensées, les cheffes pâtissières sont désormais des modèles inspirants. C’est en tout cas ce à quoi aspire Nina Métayer : « Fière que le prix revienne en France. Puisse-t-il aussi susciter des vocations de futures femmes en Pâtisseries, et aussi dans les plus hauts postes. Oui, nous pouvons être cheffe, maman, entrepreneur, et accomplie » écrit-elle sur son compte Instagram, galvanisée par sa victoire.