La journaliste d’investigation philippine est la seule femme récompensée cette année par une Académie Nobel qui ne compte que 6% de lauréates depuis 120 ans.
Il a fallu attendre l’annonce du Prix Nobel de la Paix, pour voir une femme recevoir la distinction pour ses travaux à l’occasion de la 120ème édition de ces prestigieux prix. La journaliste d’investigation philippine Maria Ressa, cofondatrice de la plateforme d’investigation Rappler, est récompensée pour son « combat courageux pour la liberté d’expression » dans son pays. Elle partage ce prix avec un autre journaliste, le Russe Dmitri Mouratov.
Annoncé après l’ensemble des Prix scientifiques lundi 11 octobre, le « prix de la Banque de Suède en sciences économiques à la mémoire d’Alfred Nobel » a été attribué à un trio masculin spécialiste de l’économie expérimentale. Ce prix, créé bien après les cinq autres, ne compte que deux femmes parmi les 89 lauréates (l’Américaine Elinor Ostrom en 2009 (lire Le prix Nobel d’économie consacre le développement soutenable) et la Française Esther Duflo dix ans plus tard (lire Esther Duflo, Nobel d’Economie 2019, évoque Marie Curie), soit 2,3 % il est le moins féminin des six prix.Jusqu’ici, les prix n’ont été remis que dans 6 % des cas à des femmes avec des variantes selon les disciplines : 3,7% pour les prix scientifiques, 13,7% pour la littérature 15,9 % pour la paix.
Mais depuis le début des années 2000, les femmes sont un peu plus visibles. Sur les 59 femmes qui ont reçu un prix Nobel depuis 120 ans, 28 ont été récompensées ces 20 dernières années.
Le cru 2021 a un goût à peine moins amer que les éditions 2016 et 2017 qui furent 100 % masculines (lire: Nobel sans femme, le doublé). Mais il anéantit les espoirs qu’avait fait naître le cru 2020 : deux femmes avaient reçu le Nobel de chimie. C’était la première fois qu’un duo 100 % féminin se partageait le prix. Et sur les deux lauréates, l’une était française. (Lire : EMMANUELLE CHARPENTIER, UNE FRANÇAISE PRIX NOBEL DE CHIMIE)
Göran Hansson, le secrétaire général de l’Académie suédoise des Sciences qui décerne les prix de physique, chimie et économie a été interrogé par l’AFP et n’annonce pas de changement pour les prochaines années. «Il est triste qu’il y ait si peu de femmes lauréates d’un Nobel » déplore-t-il mais « cela reflète les conditions injustes de la société ». Alors «Nous avons décidé que nous ne ferions pas de quotas de genre ou d’ethnicité.»