
Dominic Ongwen lors d’une audience préliminaire devant la CPI le 26 janvier 2015 ©ICC-CPI
En jugeant l’ancien chef de guerre ougandais Dominic Ongwen, la Cour Pénale Internationale examinera pour la première fois des accusations de mariages forcés et de grossesses forcées.
Le procès qui s’ouvre mardi 6 décembre à la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye doit marquer une nouvelle étape dans le jugement des crimes sexuels de guerre. Sur le banc des accusés, Dominic Ongwen, ancien commandant présumé d’une brigade de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda.
L’ancien enfant soldat devenu chef de guerre devra répondre de pas moins de 70 chefs d’accusation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des meurtres, tortures ou pillages, commis entre 2002 et 2005, mais aussi des faits d’esclavage sexuel et de viols. Dix-neuf des chefs d’accusation sont liés à des crimes sexuels ou à caractère sexiste.
En mars dernier, l’ancien commandant militaire du Mouvement de Libération du Congo (MLC) Jean-Pierre Bemba avait été le premier homme condamné par la CPI pour des viols qualifiés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Voir : Viols comme crimes de guerre et crimes contre l’humanité : première à la CPI
Le procès de Dominic Ongwen marque une autre première : la Cour Pénale Internationale aura notamment à se prononcer sur des accusations de « mariage forcé comme acte criminel » et de « grossesse forcée », relevant également de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. C’est la première fois que de tels chefs d’accusation sont retenus par la CPI, relève la Fédération internationale des Droits de l’Homme. Et elles seront au cœur du procès.
« Le régime d’abus sexuel sur des filles et des femmes est l’une des caractéristiques déterminantes de la LRA », souligne en effet le tribunal. « Les femmes étaient traitées comme du butin de guerre, accordées comme trophées sans avoir leur mot à dire, comme si elles étaient des animaux ou des objets ». Dominic Ongwen, en tant que commandant, a participé à ce système et a « directement perpétré des crimes sexuels et à caractère sexiste contre ses épouses forcées ». Celles-ci sont sept à figurer parmi les plaignant.e.s devant la CPI. En tout, plus de 4000 personnes se sont constituées partie civile.