Beaucoup de « diversité » aux Oscars en cette année de pandémie. Une nouveauté qui souligne la prééminence du regard d’homme sur le 7ème art en temps normal.
Ce lundi matin, en annonçant les lauréats des Oscars 2021, la presse retient que le Covid a favorisé la diversité, ici dans l’Obs ou là dans Le Monde. Dimanche 25 avril, lors de la 93e cérémonie des Oscars une femme a brandi, pour la deuxième fois seulement dans l’histoire de ces Prix, la statuette de la meilleure réalisatrice, 11 ans après Kathryn Bigelow en 2010. Pour son film Nomadland, Chloé Zhao remporte trois des principaux prix : outre celui de la meilleure réalisation, l’Oscar du meilleur film et l’Oscar de la meilleure actrice attribué à Frances McDormand.
Ce n’est pas la première fois que Chloé Zhao est primée pour ce film qui raconte la dure vie d’une femme veuve et sexagénaire embarquée dans un road trip chez les « van dwellers », ces Américains qui vivent dans leur véhicule et enchaînent les petits boulots.
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La réalisatrice est aussi la première Asiatique à obtenir la prestigieuse statuette. L’Obs souligne la diversité des origines des lauréats : « Deux prétendantes aux titres du meilleur film et de la meilleure réalisation, la Sino-Américaine Chloé Zhao pour « Nomadland » et la Britannique Emerald Fennell pour « Promising Young Woman », c’est du jamais-vu. Un musulman (l’Anglais Riz Ahmed pour « Sound of Metal ») et un Américain d’origine asiatique (Steven Yeun pour « Minari ») en lice parmi les acteurs : encore de l’inédit. Six comédiens afro-américains cités parmi les premiers et seconds rôles : un exploit ! »
Est-ce l’avènement d’un cinéma nouveau, un peu plus ouvert à un regard qui ne serait plus exclusivement celui de l’homme blanc ? Les épisodes #MeToo et les protestations du milieu du cinéma contre l’androcentrisme du 7ème art finissent-ils par porter leurs fruits ? Pas si vite, écrit le journaliste de l’Obs : « Soyons honnêtes : la liste des nommés ressemble plus à une sélection du Festival de Sundance (consacré au cinéma indépendant) qu’à un plateau des Oscars digne de ce nom. » L’année 2020 marquée par la pandémie a empêché bien des films de sortir sur grand écran et les productions plus modestes, vues sur des plateformes de streaming, se sont frayé un chemin. Faut-il comprendre que cette diversité si nouvelle s’éclipsera dès que le cinéma, le vrai, le dur, sur grand écran sera débarrassé du covid ?
La prééminence du masculin tient bon. Au lendemain de la cérémonie, le 7ème art français célèbre la statuette du dramaturge français Florian Zeller, récompensé par l’Oscar du meilleur scénario adapté pour son film The Father avec Anthony Hopkins qui a reçu l’Oscar du meilleur acteur. Et Florian Zeller annonce qu’il prépare une suite tirée d’une de ses pièces, Le fils, qui appartient à la même trilogie que Le père… Des pères et des fils dans les premiers rôles à perpétuité ?
Cependant, les femmes parviennent à grignotter quelques places. Cette année, elles représentaient 34 % des nominés aux Oscars. Selon une étude de 2019, 13 % des films américains étaient réalisés par des femmes. On comptait aussi 5 % de directrices de la photographie, 27 % de productrices et 19 % de scénaristes femmes. En 2020, la part des réalisatrices grimpait à 18 %.
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