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Une tribune appelle à penser l’organisation des entreprises avec les contraintes des salarié.es jonglant entre travail et parentalité. D’autres appellent à une politique féministe.
« Accompagnons mieux la monoparentalité en entreprise » : une tribune publiée dans Le Monde appelle les directions d’entreprises à mieux prendre en compte les parents solos… qui sont le plus souvent des femmes.
Elle rappelle une réalité: une famille sur quatre est une famille monoparentale en France. Et dans 9 cas sur dix c’est une femme qui se trouve à sa tête.
Et depuis que les femmes ont investi le monde du travail hors du foyer, ce monde n’a pas vraiment évolué. Il est toujours pensé comme à l’époque où il était principalement composé d’hommes déchargés sur leurs épouses des contraintes de la parentalité et pouvant s’investir à fond dans leur entreprise.
Or, « élever seule ses enfants, être le pilier de la famille, c’est assumer plus de responsabilités et disposer de moins de temps », ce qui peut conduire à des « situations de stress et de fatigue » fait observer la tribune signée par un collectif de dirigeant.es d’entreprise et écrite par Nathalie de Courcy, présidente d’Accent égal.
Difficile aussi pour ces parents solos de cocher toutes les cases qui permettent de faire progresser une carrière : séminaire d’entreprise, mobilité , petits-déjeuners ou dîner de travail…
Et bien sûr, la crise sanitaire a aggravé la situation. D’une part, les salariées « en première ligne » étaient essentiellement des femmes (lire : LES SOLDATES DU « CARE » EN PREMIÈRE LIGNE FACE AU COVID-19). D’autre part, les tâches domestiques et familiales à la maison ont augmenté drastiquement, les parents devant jongler entre leur travail, celui des enfants, ou la garde d’enfants en bas âge, 3 repas par jour à assurer, le travail domestique…
Les signataires de la tribune ne veulent pas que le sort des salarié.es repose sur la seule bonne volonté des employeurs. Elles et ils appellent à lutter contre les préjugés, faciliter l’accès au logement et à un service public de la petite enfance, investir dans la formation et inciter les entreprises à accompagner les parents solos.
Elles et ils donnent des pistes que pourraient suivre les entreprises : « soutenir la garde d’enfants (…) organiser le temps de travail et apporter ainsi la flexibilité dont les parents solos ont tant besoin (…) ou encore développer l’accompagnement social sont autant de pistes propices à faciliter la vie quotidienne des salariés-parents isolés.»
Les signataires de la tribune, qui mettent en place ces bonnes pratiques dans leur entreprise veulent qu’elles se diffusent plus largement.
En cette période pré-électorale, plusieurs associations réclament aussi des politiques féministes qui permettraient aux parents célibataires, mais aussi aux parents en couple de mieux concilier travail et parentalité… (lire : POUR UNE POLITIQUE ÉCONOMIQUE FÉMINISTE, DE NOUVEAUX APPELS) . Ces politiques féministes supposent de valoriser les métiers exercés majoritairement par les femmes et de revoir l’organisation des temps de vie. Mais elles ne sont pas vraiment entendues. (lire : LE RAPPORT TIROLE-BLANCHARD FAIT L’IMPASSE SUR UNE RELANCE FÉMINISTE)
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